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que Varron avait mises dans leur citadelle, et lui fermèrent leurs portes.

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(1) Cet échec fit que Varron n’en mit que plus de hâte à se jeter dans Gadès avec ses légions ; il craignait d’être coupé par terre ou par mer, tant cette province témoignait d’affection pour César. (2) Mais, à peine était-il en route qu’on lui remet des lettres de Gadès où on lui marquait que les principaux habitants, dès qu’ils avaient connu l’ordre de César, s’étaient concertés avec les tribuns des cohortes en garnison chez eux, pour chasser Gallonius et conserver à César l’île et la place ; (3) que dans ce dessein ils avaient signifié à Gallonius qu’il eût à se retirer de bonne grâce, tandis qu’il le pouvait sans péril, le menaçant, s’il n’y consentait pas, de prendre leur parti, et que Gallonius, effrayé, était sorti de Gadès. (4) À cette nouvelle, celle des deux légions de Varron qu’on appelait Vernacula, enleva ses enseignes hors du camp sous les yeux même de Varron, et se retira à Hispalis, où elle s’établit, sans aucun désordre, sous les portiques et sur la place publique. (5) Cette conduite fut si agréable aux citoyens romains qui faisaient partie de l’assemblée, qu’ils s’empressèrent de leur offrir l’hospitalité dans leurs maisons. (6) Varron, étonné, revint sur ses pas en annonçant qu’il irait à ltalica ; mais les siens l’assurèrent que les portes lui en etaient fermées. (7) Alors, n’ayant plus aucun chemin de libre, il envoie dire à César qu’il est prêt à remettre la légion à qui il ordonnera. Celui-ci envoie Sex. César, avec l’ordre qu’elle lui soit remise. (8) Après avoir livré la légion, Varron va trouver César à Cordoue, lui rend un compte fidèle de la province, lui donne l’argent qu’il en a tiré, et lui indique où sont ses vivres et ses vaisseaux.

César quitte l’Espagne

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(1) César tint une assemblée à Cordoue, et rendit à tous en général des actions de grâces : il remercia les citoyens romains de ce qu’ils avaient fait pour avoir la ville en leur pouvoir ; les Espagnols d’avoir chassé la garnison ; les habitants de Gadès d’avoir déjoué les efforts de l’ennemi et d’avoir reconquis leur liberté ; les tribuns et les centurions, qui étaient venus garder la ville, d’avoir affermi ces bonnes dispositions par leur courage. (2) Il fit remise aux citoyens romains de l’argent qu’ils s’étaient engagés à fournir à Varron, rétablit dans leurs biens ceux qu’on avait ainsi punis pour avoir parlé trop librement, (3) accorda diverses récompenses à quelques cités et à des particuliers, et remplit tous les autres d’espoir pour l’avenir. Après être resté deux jours à Cordoue il part pour Gadès. Là il fait reporter dans le temple d’Hercule le trésor et les ornements qu’on en avait enlevés pour les mettre dans une maison privée ; (4) il donne le gouvernement de la province à Q. Cassius, et lui laisse quatre légions ; pour lui il part avec les vaisseaux de M. Varron, et ceux que ce dernier avait exigés des habitants de Gadès, et arrive en peu de jours à Tarragone. Les députés de presque toute la province attendaient César dans cette ville. (5) Après y avoir encore accordé des grâces à quelques cités et à des particuliers, il quitte Tarragone, vient par terre à Narbonne, et de là à Marseille, où