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ligne cachée derrière elles. Par ce moyen tout fut achevé avant qu’Afranius s’aperçut que l’on fortifiait le camp. (6) Sur le soir, César fait entrer ses troupes dans ce retranchement, et y passe la nuit sous les armes.

(1) Le lendemain, il retient toute son armée dans le camp ; et comme il eût fallu aller trop loin chercher les matériaux, il se contenta, pour le moment, de faire continuer l’ouvrage sur le même plan ; il chargea deux légions de fortifier les deux côtés du camp, d’ouvrir des fossés de la même largeur, et tint les autres légions en bataille vis-à-vis l’ennemi. (2) Afranius et Pétréius, dans le but d’effrayer et de troubler nos travailleurs, conduisent leurs troupes au pied de la colline et nous provoquent au combat ; mais, malgré cela, César ne fait point cesser le travail, sûr d’être assez défendu par ses trois légions et par son retranchement. (3) L’ennemi demeure là quelque temps sans quitter presque le pied de la colline, et puis se retire dans son camp. (4) Le troisième jour, César fortifie son camp d’un rempart, et y fait venir les bagages et les cohortes qu’il avait laissés dans l’autre.

Bataille indécise

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(1) Entre la ville d’Ilerda et la colline voisine où Afranius et Pétréius étaient campés, il y avait une plaine d’environ trois cents pas, et vers le milieu une petite hauteur : (2) si César pouvait s’en rendre maître et s’y fortifier, il ne doutait pas qu’il n’ôtât aux ennemis toute communication avec le pont et la ville d’où ils tiraient leurs subsistances. (3) Dans cet espoir, il fait sortir du camp trois légions, et après les avoir rangées en bataille dans un lieu favorable, ordonne au premier rang de l’une d’elles de courir en avant et de s’emparer de la hauteur. (4) En voyant ce mouvement, Afranius détache aussitôt les cohortes qui étaient de garde à la tête de son camp, et les envoie par un chemin plus court s’emparer du même poste. (5) Le combat s’engage ; mais les soldats d’Afranius étaient arrivés les premiers à la hauteur ; ils repoussent donc les nôtres, et, ayant reçu un renfort, ils les obligent à tourner le dos et à rejoindre les légions.

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(1) La manière de combattre de ces soldats était celle-ci : ils couraient vivement sur l’ennemi, s’emparaient d’une position hardiment, ne s’inquiétant pas de garder leurs rangs, et ne combattant que dispersés et par petites troupes ; (2) s’ils étaient pressés, ils reculaient et cédaient le terrain, sans croire qu’il y eût à cela de la honte. Ils avaient pris cette manière de combattre des Lusitaniens et des autres Barbares ; car il arrive d’ordinaire que le soldat finit par adopter les habitudes des peuples chez lesquels il a fait un long séjour. (3) Cette tactique ne laissa pas que d’étonner les nôtres, qui n’y étaient point habitués : en voyant ainsi l’ennemi courir sans ordre, ils s’imaginaient qu’on voulait les prendre en flanc et les envelopper ; car, pour eux, ils étaient accoutumés à garder leurs rangs, à ne pas s’éloigner des enseignes, à ne pas quitter, sans de fortes raisons, le poste où on les avait placés. (4) Aussi, le désordre s’étant mis dans les premiers rangs, la légion qui était de ce côté abandonna le poste et se retira