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et qu’il était sur le point d’arriver, César emprunta de l’argent aux tribuns des soldats et aux centurions, et le distribua aux troupes. (4) À cela il trouva deux avantages : il s’assurait, par cet emprunt, de la fidélité des centurions, et par ses largesses gagnait l’affection des soldats.

Situation de Fabius. Rupture d’un pont sur le Sicoris

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(1) Fabius, de son côté, travaillait par lettres et par messages à s’attacher les villes voisines. Il avait jeté deux ponts sur le Sicoris, à quatre mille pas l’un de l’autre, et s’en servait pour envoyer au fourrage, ayant consommé les jours précédents tout ce qu’il y en avait en deçà du fleuve. (2) Les chefs de l’armée de Pompée, par la même raison, faisaient à peu près de même, d’où résultaient de fréquentes escarmouches entre les cavaliers des deux partis. (3) Un jour, deux légions de Fabius, qui, selon leur coutume, escortaient les fourrageurs, ayant passé le fleuve, suivies de la cavalerie et du bagage, tout à coup, par suite de la violence des vents et de la crue des eaux, le pont fut rompu et l’armée séparée. (4) Pétréius et Afranius s’aperçoivent de cet accident aux débris de bois et de claies que la rivière emportait : aussitôt Afranius prend quatre légions et toute sa cavalerie, traverse le pont qu’il avait construit entre son camp et la ville, et marche au devant des deux légions de Fabius. (5) Instruit de son arrivée, L. Plancus, qui les commandait, se vit obligé de gagner une hauteur et de faire face des deux côtés pour ne pas être enveloppé par la cavalerie. (6) Là, malgré l’inégalité du nombre, il soutient les vives attaques des légions et de la cavalerie d’Afranius. (7) L’action ainsi engagée par la cavalerie, les deux partis aperçurent au loin les enseignes des deux légions que C. Fabius avait fait passer sur l’autre pont pour secourir les nôtres ; car il avait soupçonné avec raison que les chefs ennemis profiteraient de l’occasion et de cette faveur de la fortune pour nous accabler. L’arrivée de nos troupes fit cesser le combat, et chacun ramena ses légions au camp.

Arrivée de César devant Ilerda

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(1) Deux jours après, César arriva au camp avec neuf cents chevaux qu’il avait gardés pour lui servir d’escorte. Le pont, que la tempête avait rompu, était presque entièrement rétabli ; il le fit terminer dans la nuit. (2) Ensuite, ayant reconnu le pays, il laissa six cohortes à la garde du pont, du camp et du bagage, marcha le lendemain à Ilerda avec toutes ses troupes rangées sur trois lignes, et s’arrêta devant le camp d’Afranius : il y resta quelque temps sous les armes, et lui présenta le combat en rase campagne. Afranius, de son côté, fit sortir ses troupes et les rangea sur le milieu d’une colline en avant de son camp. (3) César, voyant qu’Afranius ne voulait pas en venir aux mains, résolut de camper au pied de la montagne, à quatre cents pas environ de distance ; (4) et, pour que ses troupes ne fussent pas alarmées par quelque attaque soudaine de l’ennemi, ni interrompues dans leurs travaux, au lieu d’élever un rempart qui, nécessairement, se serait vu de loin, il fit creuser à la tête du camp un fossé de quinze pieds. (5) La première et la seconde ligne restaient sous les armes comme elles avaient été placées d’abord, et les travaux se faisaient par la troisième