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angles par des ancres, pour que les vagues ne pussent les ébranler. (8) Quand ces radeaux furent posés et établis, il en ajouta d’autres de pareille grandeur, (9) et les couvrit de terre et de fascines, afin qu’on pût marcher dessus librement quand il s’agirait de les défendre. Sur le front et sur les côtés, il les garnit de parapets et de claies ; (10) et de quatre en quatre de ces radeaux il éleva des tours à deux étages, pour les mieux garantir de l’attaque des vaisseaux et de l’incendie.

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(1) À ces travaux Pompée opposa de grands vaisseaux de transport qu’il avait trouvés dans le port de Brindes. Il éleva dessus des tours à trois étages, les remplit de machines et de toute sorte de traits, et les envoya contre les ouvrages de César pour rompre les radeaux et troubler les travailleurs. Ainsi chaque jour on combattait de loin avec les frondes, les flèches et les autres traits. (2) Cependant, malgré ces hostilités, César ne renonçait pas à un accommodement. Quoiqu’il s’étonnât que Magius, qu’il avait dépêché vers Pompée avec des propositions, ne lui fût pas renvoyé, et bien que ces tentatives réitérées fussent autant de retards dont souffraient son activité et ses entreprises, il résolut de persévérer à tout prix dans son premier dessein. (3) En conséquence il envoya Caninius Rébilus, son lieutenant, ami intime de Scribonius Libon, conférer avec ce dernier. Il le charge d’exhorter Libon à procurer la paix ; il demande surtout à parler lui-même à Pompée. (4) Il ne peut douter qu’une entrevue consentie par ce dernier ne rétablisse la paix à des conditions équitables ; si, par l’entremise de Libon, les deux partis se décidaient à poser les armes, une grande partie de l’honneur lui en reviendrait. (5) Celui-ci, après avoir entendu Caninius, va trouver Pompée. Un moment après, il revient et lui dit que les consuls sont sortis, et qu’on ne peut traiter sans eux d’un accommodement. (6) Après toutes ces tentatives inutiles, César croit devoir enfin renoncer à son projet et ne plus songer qu’à la guerre.

Pompée s’embarque pour Dyrrachium

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(1) César en était à peu près à la moitié des travaux, à quoi il avait employé neuf jours, quand les vaisseaux qui avaient transporté les consuls et la première partie de l’armée revinrent de Dyrrachium à Brindes. (2) Pompée, soit qu’il fût effrayé des travaux de César, soit qu il eût résolu, dès le commencement de la guerre, de quitter l’Italie, se disposa à partir dès qu’il vit ses vaisseaux de retour ; (3) et pour mieux retarder une attaque de César, pour empêcher l’ennemi d’entrer dans la ville au moment où il en sortirait, il fit murer les portes, barricader les carrefours et les places, creuser des fossés en travers des rues. On enfonça des bâtons pointus et des pieux, (4) qu’on recouvrit légèrement de claies et de terre. Quant aux deux avenues ou chemins qui conduisaient du dehors de la ville au port, il les ferma au moyen de hautes poutres pointues. (5) Lorsque tout est prêt, il ordonne à ses troupes de s’embarquer sans bruit, et dispose çà et là sur le rempart et sur les tours des vétérans, des archers, des frondeurs. (6) Ceux-ci ont l’ordre de partir à un certain signal, quand ils verront toutes les troupes embarquées ;