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de l’ennemi, parait notre cavalerie ; d’autres cohortes approchent ; les Gaulois prennent la fuite ; notre cavalerie barre le passage aux fuyards, et en fait un grand carnage. Sédullus, chef et prince des Lémovices, est tué, et l’Arverne Vercasivellaunos pris vivant dans la déroute. Soixante-quatorze enseignes militaires sont rapportées à César ; d’un si grand nombre d’hommes, bien peu rentrent au camp sans blessure. Les assiégés, apercevant du haut de leurs murs la fuite des leurs et le carnage qu’on en fait, désespèrent de leur salut, et retirent leurs troupes de l’attaque de nos retranchements. La nouvelle en arrive au camp des Gaulois, qui l’évacuent à l’instant. Si les soldats n’eussent été harassés par d’aussi nombreux engagements et par les travaux de tout le jour, l’armée ennemie eût pu être détruite tout entière. Au milieu de la nuit, la cavalerie, envoyée à la poursuite, atteint l’arrière-garde ; une grande partie est prise ou tuée ; le reste, échappé par la fuite, se réfugia dans les cités.

LXXXIX. Le lendemain Vercingétorix convoque l’assemblée, et dit : « Qu’il n’a pas entrepris cette guerre pour ses intérêts personnels, mais pour la défense de la liberté commune ; que, puisqu’il fallait céder à la fortune, il s’offrait à ses compatriotes, leur laissant le choix d’apaiser les Romains par sa mort ou de le livrer vivant. » On envoie à ce sujet des députés à César. Il ordonne qu’on lui apporte les armes, qu’on lui amène les chefs. Assis sur son tribunal, à la tête de son camp, il fait paraître devant lui les généraux ennemis. Vercingétorix est mis en son pouvoir ; les armes sont jetées à ses pieds (28). À l’exception des Héduens et des Arvernes, dont il voulait se servir pour tâcher de regagner ces peuples, le reste des prisonniers fut distribué par tête à chaque soldat, à titre de butin.

XC. Ces affaires terminées, il part pour le pays des Héduens, et reçoit leur soumission. Là, des députés envoyés par les Arvernes viennent lui promettre de faire ce qu’il ordonnera. César exige un grand nombre d’otages. Il met ses légions en quartiers d’hiver, et rend environ vingt mille captifs aux Héduens et aux Arvernes. Il fait partir T. Labiénus avec deux légions et la cavalerie pour le pays des Séquanes ; il lui adjoint M. Sempronius Rutilius. Il place C. Fabius et L. Minucius Basilus avec deux légions chez les Rèmes, pour les garantir contre toute attaque des Bellovaques, leurs voisins. Il envoie T. Antistius Réginus chez les Ambivarètes, T. Sextius chez les Bituriges, C. Caninius Rébilus chez les Rutènes, chacun avec une légion. Il établit Q. Tullius Cicéron et P. Sulpicius dans les postes de Cabillon et de Matiscon, au pays des Héduens, sur la Saône, pour assurer les vivres. Lui-même résolut de passer l’hiver à Bibracte. Ces événements ayant été annoncés à Rome par les lettres de César, on ordonna vingt jours de prières publiques (29).



PRÉFACE DE A. HIRTIUS (1).

Cédant à tes instances, Balbus (2), et puisque mes refus réitérés t’ont semblé moins une excuse tirée de la difficulté de l’entreprise qu’une