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d’Alésia tout ce qui se passait dans la campagne. À la vue de ce secours, on s’empresse, on se félicite mutuellement, et tous les esprits sont dans la joie. On fait sortir toutes les troupes, qui se rangent en avant de la place ; on comble le premier fossé ; on le couvre de claies et de terre, et on se prépare à la sortie et à tous les événements.

LXXX. César, ayant rangé l’armée tout entière sur l’une et l’autre de ses lignes, afin qu’au besoin chacun connût le poste qu’il devait occuper, fit sortir de son camp la cavalerie, à laquelle il ordonna d’engager l’affaire. Du sommet des hauteurs que les camps occupaient, on avait vue sur le champ de bataille, et tous les soldats, attentifs au combat, en attendaient l’issue. Les Gaulois avaient mêlé à leur cavalerie un petit nombre d’archers et de fantassins armés à la légère, tant pour la soutenir si elle pliait, que pour arrêter le choc de la nôtre. Plusieurs de nos cavaliers, surpris par ces fantassins, furent blessés et forcés de quitter la mêlée. Les Gaulois, croyant que les leurs avaient le dessus, et que les nôtres étaient accablés par le nombre, se mirent, assiégés et auxiliaires, à pousser de toutes parts des cris et des hurlements pour encourager ceux de leur nation. Comme l’action se passait sous les yeux des deux partis, nul trait de courage ou de lâcheté ne pouvait échapper aux regards, et l’on était de part et d’autre excité à se bien conduire, par le désir de la gloire et la crainte de la honte. On avait combattu depuis midi jusqu’au coucher du soleil, et la victoire était encore incertaine, lorsque les Germains, réunis sur un seul point, en escadrons serrés, se précipitèrent sur l’ennemi et le repoussèrent. Les archers, abandonnés dans cette déroute, furent enveloppés et taillés en pièces, et les fuyards poursuivis de tous côtés jusqu’à leur camp, sans qu’on leur donnât le temps de se rallier. Alors ceux qui étaient sortis d’Alésia, consternés et désespérant presque de la victoire, rentrèrent dans la place.

LXXXI. Après un jour employé par les Gaulois à faire une grande quantité de claies, d’échelles et de harpons, ils sortent silencieusement de leur camp au milieu de la nuit et s’approchent de ceux de nos retranchements qui regardaient la plaine. Tout à coup poussant des cris, signal qui devait avertir de leur approche ceux que nous tenions assiégés, ils jettent leurs claies, attaquent les gardes de nos remparts à coups de frondes, de flèches et de pierres, et font toutes les dispositions pour un assaut. Dans le même temps, Vercingétorix, entendant les cris du dehors, donne le signal avec la trompette et fait sortir les siens de la place. Nos soldats prennent sur le rempart les postes qui avaient été, les jours précédents, assignés à chacun d’eux, et épouvantent les ennemis par la quantité de frondes, de dards, de boulets de plomb, de pierres, qu’ils avaient amassés dans les retranchements, et dont ils les accablent. Comme la nuit empêchait de se voir, il y eut de part et d’autre beaucoup de blessés ; les machines faisaient pleuvoir les traits. Cependant les lieutenants M. Antonius et C. Trébonius, à qui était échue