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attaqués à l’improviste pendant un grand orage survenu tout à coup ; l’armée et la cavalerie passèrent rapidement le fleuve, avec le secours des chevaliers romains chargés de cette opération. Au point du jour et presque au même instant, on annonce aux ennemis qu’il règne une agitation extraordinaire dans le camp romain, qu’un corps considérable de troupes remonte le fleuve, qu’on entend un grand bruit de rames du même côté, et qu’un peu au-dessous des bateaux transportent des soldats. À ce récit, persuadés que les légions passent le fleuve en trois endroits, et que l’effroi causé par la défection des Héduens précipite notre fuite, ils se partagent aussi en trois corps. Ils en laissent un vis-à-vis de notre camp pour la garde du leur ; le second est envoyé vers Metlosédum[1], avec ordre de s’avancer aussi loin que les bateaux, et ils marchent contre Labiénus avec le reste de leurs troupes.

LXII. Au point du jour toutes nos troupes avaient passé, et l’on vit celles de l’ennemi rangées en bataille. Labiénus exhorte les soldats à se rappeler leur ancienne valeur et tant de combats glorieux, et à se croire en présence de César lui-même, sous la conduite duquel ils ont tant de fois défait leurs ennemis, puis il donne le signal du combat. Dès le premier choc, la septième légion, placée à l’aile droite, repousse les ennemis et les met en fuite ; à l’aile gauche qu’occupait la douzième légion, quoique les premiers rangs de l’ennemi fussent tombés percés de nos traits, les autres résistaient vigoureusement, et aucun ne songeait à la fuite. Camulogène, leur général, était lui-même avec eux, et excitait leur courage. Le succès était donc douteux sur ce point, lorsque les tribuns de la septième légion, instruits de ce qui se passait à l’aile gauche, vinrent avec leur légion prendre les ennemis en queue et les chargèrent. Même dans cette position, aucun Gaulois ne quitta sa place ; tous furent enveloppés et tués. Camulogène subit le même sort. D’un autre côté, ceux qu’on avait laissés à la garde du camp opposé à celui de Labiénus, avertis que l’on se battait, marchèrent au secours des leurs, et prirent position sur une colline ; mais ils ne purent soutenir le choc de nos soldats victorieux. Entraînés dans la déroute des autres Gaulois, tous ceux qui ne purent gagner l’abri des bois ou des hauteurs, furent taillés en pièces par notre cavalerie. Après cette expédition, Labiénus retourne vers Agédincum, où avaient été laissés les bagages de toute l’armée. De là il rejoignit César avec toutes les troupes.

LXIII. La nouvelle de la défection des Édues propagea la guerre. Des députations sont envoyées sur tous les points ; crédit, autorité, argent, tout est mis en usage pour gagner les différents états. Nantis des otages que César avait déposés chez eux, ils menacent de les faire périr pour effrayer ceux qui hésitent. Les Édues invitent Vercingétorix à venir conférer avec eux sur les moyens de faire la guerre. Il se rend à leur prière ; mais ils prétendent qu’on leur défère le commandement en chef ; et comme il leur est disputé, on convoque une assemblée de toute la

  1. Probablement Choisy-le-Roy.