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qu’avec peine contre des troupes fraîches et sans blessures.

XLIX. César, voyant le désavantage du lieu, et les forces de l’ennemi croître sans cesse, craignit pour les siens, et envoya au lieutenant T. Sextius, qu’il avait chargé de la garde du petit camp, l’ordre d’en faire sortir les cohortes et de les poster au pied de la colline sur la droite des Gaulois, afin que, s’il voyait nos soldats repoussés, il forçât les ennemis à ralentir leur poursuite, en les intimidant ; lui-même s’avançant à la tête de la légion un peu au-delà du lieu où il s’était arrêté, attendit l’issue du combat.

L. Tandis qu’on se battait avec acharnement et corps à corps, les ennemis forts de leur position et de leur nombre, et les nôtres de leur valeur, on vit tout à coup paraître, sur notre flanc découvert, les Héduens que César avait envoyés par un autre chemin, pour faire diversion sur notre droite. La ressemblance de leurs armes avec celles des Barbares alarma vivement nos soldats ; et quoiqu’ils eussent le bras droit nu, signe ordinaire de paix, ceux-ci crurent cependant que c’était un artifice de l’ennemi employé pour les tromper. En même temps, le centurion L. Fabius, et ceux qui étaient montés avec lui sur le rempart, furent enveloppés, et précipités sans vie du haut de la muraille. M. Pétronius, centurion de la même légion, se vit accablé par le nombre comme il s’efforçait de briser les portes ; ayant déjà reçu plusieurs blessures et désespérant de sa vie, il s’adresse aux hommes de sa compagnie qui l’avaient suivi : « Puisque je ne puis me sauver avec vous, dit-il, je veux du moins pourvoir au salut de ceux qu’entraîné par l’amour de la gloire, j’ai conduits dans le péril. Usez du moyen que je vous donnerai de sauver vos jours. » Aussitôt il se jette au milieu des ennemis, en tue deux, et écarte un moment les autres de la porte. Comme les siens essayaient de le secourir : « En vain, dit-il, tentez-vous de me conserver la vie ; déjà mon sang et mes forces m’abandonnent. Éloignez-vous donc tandis que vous le pouvez et rejoignez votre légion. » Un moment après, il périt en combattant, après avoir ainsi sauvé ses compagnons.

LI. Nos soldats, pressés de toutes parts, furent repoussés de leur poste avec une perte de quarante-six centurions ; mais la dixième légion, placée comme corps de réserve dans une position un peu plus avantageuse, arrêta les ennemis trop ardents à nous poursuivre. Elle fut soutenue par les cohortes de la treizième, venue du petit camp et postée un peu plus haut, sous les ordres du lieutenant T. Sextius. Dès que les légions eurent gagné la plaine, elles s’arrêtèrent et firent face à l’ennemi. Vercingétorix ramena ses troupes du pied de la colline dans ses retranchements. Cette journée nous coûta près de sept cents hommes.

LII. Le lendemain César assembla les troupes, et reprocha aux soldats leur imprudence et leur cupidité : "Ils avaient eux-mêmes jugé de ce qu’il fallait faire, et jusqu’où l’on devait s’avancer ; ils ne s’étaient point arrêtés au signal de la retraite ; ni les tribuns ni les lieutenants n’avaient pu les retenir. Il leur représenta le danger d’une mauvaise position, et leur rappela sa conduite au siège d’A-