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et lui recommande de pousser en tous sens et le plus loin possible des partis de cavalerie ; il aura soin de ne pas être absent du camp plus de trois jours. Les choses ainsi réglées, il arrive en toute diligence à Vienne[1], sans y être attendu. Il y trouve la nouvelle cavalerie qu’il avait envoyée depuis plusieurs jours, et sans s’arrêter ni de jour ni de nuit, il se rend à travers le pays des Héduens chez les Lingons, où deux légions étaient en quartiers d’hiver : il voulait, si les Héduens avaient eux-mêmes des desseins contre sa personne, en prévenir l’effet par sa célérité. Arrivé chez les Lingons, il dépêche des courriers aux autres légions, et les réunit toutes avant que les Arvernes puissent être instruits de sa marche. À cette nouvelle, Vercingétorix ramène son armée chez les Bituriges, et de là va mettre le siège devant Gergovie[2], ville des Boïens, que César, après les avoir vaincus dans la même bataille que les Helvètes, avait établie sous la dépendance des Édues.

X. Cette entreprise mettait César dans un grand embarras. Quel parti prendrait-il ? Si, pendant le reste de l’hiver, il tenait les légions réunies sur un seul point, il craignait que la prise d’une ville tributaire des Héduens ne le fit abandonner de toute la Gaule, parce que l’on verrait que ses amis ne pouvaient compter sur sa protection ; s’il entrait en campagne plus tôt que de coutume, la difficulté des transports pouvait le faire souffrir du côté des vivres. Cependant il crut plus à propos de s’exposer à tous ces inconvénients que d’essuyer un affront propre à aliéner les esprits de tous ses alliés. Ayant donc engagé les Héduens à lui envoyer des vivres, il fait prévenir les Boïens de sa marche, et les exhorte à rester fidèles et à soutenir vigoureusement l’attaque des ennemis. Laissant à Agédincum[3] deux légions avec les bagages de toute l’armée, il se dirige vers les Boïes.

XI. Le lendemain, étant arrivé à Vellaunodunum[4], ville des Sénons, et ne voulant pas laisser d’ennemi derrière lui pour que les vivres circulassent librement, il résolut d’en faire le siège, et en acheva la circonvallation en deux jours. Le troisième jour, la ville envoya des députés pour se rendre ; et il fut ordonné aux assiégés d’apporter leurs armes, de livrer leurs chevaux et de donner six cents otages. César laisse, pour faire exécuter le traité, le lieutenant C. Trébonius ; et, sans perdre de temps, il marche sur Cénabum, ville des Carnutes, qui tout récemment instruits du siège de Vellaunodunum, et croyant qu’il durerait plus longtemps, rassemblaient des troupes qu’ils devaient envoyer au secours de la première ville. César y arrive le second jour, et établit son camp devant la place ; mais l’approche de la nuit le force de remettre l’attaque au lendemain : il ordonne aux soldats de tenir prêt tout ce qu’il faut en pareil cas ; et, comme la ville de Cénabum avait un pont sur la Loire, dans la crainte que les habitants ne s’échappent la nuit, il fait veiller deux légions sous les armes. Un peu avant minuit

  1. Ville du Dauphine.
  2. Probablement Moulins en Bourbonnais.
  3. Sens.
  4. Beaune (Loiret) ou Château-Landon ?