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gièrent dans la forêt des Ardennes, les autres dans les marais voisins. Ceux qui étaient le plus près de l’Océan se cachèrent dans ces îles que forment d’ordinaire les marées ; un grand nombre, quittant leur pays, se fixèrent, avec tous leurs biens, dans des contrées tout à fait étrangères. Catuvolcos, roi de la moitié du pays des Éburons, et qui s’était rallié à Ambiorix, vieillard accablé par l’âge, et également incapable de supporter les fatigues de la guerre ou de la fuite, après avoir chargé d’imprécations Ambiorix, auteur de cette entreprise, s’empoisonna avec de l’if, qui croit en abondance dans la Gaule et dans la Germanie (17).

XXXII. Les Sègnes et les Condruses, peuples d’origine germaine, qui habitent entre les Éburons et les Trévires, envoyèrent des députés à César, pour le prier de ne point les mettre au nombre de ses ennemis, et de ne pas croire que tous les Germains en deçà du Rhin fissent cause commune ; ils n’avaient nullement songé à la guerre, n’avaient donné aucun secours à Ambiorix. César, s’étant informé du fait en questionnant les captifs, ordonna à ces peuples de lui ramener ceux des Eburons qui, après leur déroute, se seraient rassemblés chez eux, et leur promit, s’ils le faisaient, de ne commettre aucun dégât sur leur territoire. Ayant alors distribué ses troupes en trois parties, il envoya les bagages de toutes les légions à Atuatuca[1]. C’est le nom d’un fort. Il est situé presqu’au milieu du pays des Éburons, dans le lieu même où Titurius et Aurunculéius avaient déjà établi leurs quartiers d’hiver. César choisit cette position par divers motifs, et surtout parce que les retranchements de l’année précédente étaient entièrement conservés, ce qui devait épargner beaucoup de travail aux soldats. Il laissa pour la garde des bagages la quatorzième légion, l’une des trois qu’il avait récemment levées en Italie, et amenées en Gaule. Il confia à Q. Tullius Cicéron le commandement de cette légion et du camp, et lui donna deux cents cavaliers.

XXXXIII. Partageant l’armée, il fait partir T. Labiénus, avec trois légions, vers l’Océan, dans le pays qui touche aux Ménapes ; il envoie C. Trébonius, avec le même nombre de légions, vers les contrées voisines des Atuatuques, avec ordre de les ravager. Il arrête de marcher en personne avec les trois autres, vers le fleuve de l’Escaut, qui se jette dans la Meuse (18), et de gagner l’extrémité des Ardennes, où il entendait dire qu’Ambiorix s’était retiré avec un petit nombre de cavaliers. Il annonce, en partant, qu’il sera de retour dans sept jours ; c’était l’époque où il savait qu’on devait distribuer les vivres à la légion qu’il laissait pour la garde des bagages. Il engage Labiénus et Trébonius à revenir le même jour, si l’état des choses leur permet de le faire, afin de se concerter de nouveau et de diriger la guerre d’après ce qu’on saurait des dispositions des ennemis.

XXXIV. Ils n’avaient, comme on l’a dit plus haut, nulle troupe organisée, point de garnison, point de place qui fût en état de défense, c’était une multitude éparse çà et là. Se présentait-il un

  1. Ce fort ou château, situé sur le territoire Eburon, ne doit pas être confondu avec Aduat, capitale des Admatikes, dont il a déjà été question.