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près d’Ambiorix, il en reçoit l’ordre de mettre bas les armes ; il obéit, et ordonne aux siens de déposer les leurs. Pendant qu’ils discutent les conditions dans un entretien qu’Ambiorix prolonge à dessein, Sabinus est peu à peu enveloppé, et mis à mort. Alors les Barbares, poussant leurs cris de victoire, se précipitent sur nos troupes et les mettent en désordre. Là fut tué les armes à la main L. Cotta, avec la plus grande partie des soldats romains. Le reste se retira dans le camp d’où l’on était sorti. Un d’entre eux, L. Pétrosidius, porte-aigle, pressé par une multitude d’ennemis, jeta l’aigle dans les retranchements et périt devant le camp, en combattant avec le plus grand courage. Les autres y soutinrent avec peine un siège jusqu’à la nuit, et, cette nuit même, dans leur désespoir, ils se tuèrent tous jusqu’au dernier. Quelques-uns, échappés du combat, gagnèrent, par des chemins détournés à travers les forêts, les quartiers du lieutenant T. Labiénus, et l’instruisirent de ce désastre (10).

XXXVIII. Enflé de cette victoire, Ambiorix se rend aussitôt avec sa cavalerie chez les Atuatuques, peuple voisin de ses états, et marche jour et nuit, après avoir ordonné à son infanterie de le suivre. Il leur annonce sa victoire, les excite à se soulever, passe le lendemain chez les Nerviens et les exhorte « A ne pas perdre l’occasion de s’affranchir à jamais et de se venger sur les Romains des injures qu’ils en ont reçues ; il leur représente que deux lieutenants ont été tués et qu’une grande partie de l’armée romaine a péri ; qu’il ne sera pas difficile de détruire, en l’attaquant subitement, la légion qui hiverne chez eux avec Cicéron ; il leur offre son aide pour cette entreprise. » Les Nerviens sont aisément persuadés par ce discours.

XXXIX. Ayant donc sur-le-champ envoyé des courriers aux Ceutrons, aux Grudes, aux Lévaques, aux Pleumoxes, aux Geiduns[1], peuples qui sont tous dans leur dépendance, ils rassemblent le plus de troupes qu’ils peuvent ; et volent à l’improviste aux quartiers de Cicéron, avant que le bruit de la mort de Titurius soit parvenu jusqu’à lui. Il arriva, ce qui était inévitable, que quelques soldats occupés à faire du bois pour les fascines, et répandus dans les forêts, furent séparés de leur corps par la soudaine irruption des cavaliers ennemis et enveloppés de toutes parts. Un nombre considérable d’Éburons, de Nerviens, d’Atuatuques ainsi que leurs alliés et auxiliaires, viennent ensuite attaquer la légion. Nos soldats courent sur-le-champ aux armes et bordent le retranchement. Ils eurent ce jour-là beaucoup de peine à résister à des ennemis qui avaient mis tout leur espoir dans la promptitude de leur attaque, et qui se flattaient, en remportant cette victoire, d’être désormais invincibles.

XL. Cicéron écrit aussitôt à César, et promet de grandes récompenses à ceux qui lui porteront ses lettres. Tous les chemins étant gardés, les courriers ne peuvent passer. La nuit, on élève jusqu’à cent vingt tours avec le bois destiné à retrancher le camp, ce qui se fait avec une célérité incroyable, et on achève les retranchements. Le lendemain, les ennemis, en bien plus grand nombre, viennent attaquer le camp et comblent

  1. Peuples qui habitaient, à ce qu’on croît, la côte de la Belgique au midi des bouches de l’Escaut.