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nètes[1], les Ambiliates[2], les Morins, les Diablintes[3] et les Ménapes ; ils demandent des secours à la Bretagne[4], située vis-à-vis de leurs côtes.

X. Les difficultés de cette guerre étaient telles que nous venons de les exposer, et cependant plusieurs motifs commandaient à César de l’entreprendre : l’arrestation injurieuse de chevaliers romains, la révolte après la soumission, la défection après les otages livrés, la coalition de tant d’états, la crainte surtout que d’autres peuples, si les premiers rebelles demeuraient impunis, se remissent à suivre leur exemple. Sachant donc que presque tous les Gaulois aspiraient à un changement ; que leur mobilité naturelle les poussait facilement à la guerre, et que, d’ailleurs, il est dans la nature de tous les hommes d’aimer la liberté et de haïr l’esclavage, il crut devoir, avant que d’autres états fussent entrés dans cette ligue, partager son armée et la distribuer sur plus de points.

XI. Il envoie son lieutenant T. Labiénus avec de la cavalerie chez les Trévires, peuple voisin du Rhin. Il le charge de visiter les Rèmes et autres Belges, de les maintenir dans le devoir et de s’opposer aux tentatives que pourraient faire, pour passer le fleuve, les vaisseaux des Germains que l’on disait appelés par les Belges. Il ordonne à P. Crassus de se rendre en Aquitaine, avec douze cohortes légionnaires et un grand nombre de cavaliers, pour empêcher ce pays d’envoyer des secours dans la Gaule, et de si grandes nations de se réunir. Il fait partir son lieutenant Q. Titurius Sabinus, avec trois légions, chez les Unelles, les Coriosolites et les Lexovii, pour tenir ces peuples en respect. Il donne au jeune D. Brutus le commandement de la flotte et des vaisseaux gaulois, qu’il avait fait venir de chez les Pictons[5], les Santons et autres pays pacifiés, et il lui enjoint de se rendre au plus tôt chez les Vénètes, lui-même en prend le chemin avec les troupes de terre.

XII. Telle était la disposition de la plupart des places de l’ennemi, que, situées à l’extrémité de langues de terre et sur des promontoires, elles n’offraient d’accès ni aux gens de pied quand la mer était haute, ce qui arrive constamment deux fois dans l’espace de vingt-quatre heures, ni aux vaisseaux que la mer, en se retirant, laisserait à sec sur le sable. Ce double obstacle rendait très difficile le siège de ces villes. Si, après de pénibles travaux, on parvenait à contenir la mer par une digue et des môles, et à s’élever jusqu’à la hauteur des murs, les assiégés, commençant à désespérer de leur fortune, rassemblaient leurs nombreux navires, dernière et facile ressource, y transportaient tous leurs biens, et se retiraient dans des villes voisines. Là ils se défendaient de nouveau par les mêmes avantages de position. Cette manœuvre leur fut d’autant plus facile durant une grande partie de l’été, que nos vaisseaux étaient retenus par les vents contraires et éprouvaient de grandes difficultés à naviguer sur une mer vaste, ouverte, sujette à de hautes ma-

  1. Peuple du diocèse de Nantes.
  2. Habitants d’Amiens.
  3. Le Perche.
  4. L’Angleterre.
  5. Peuple du Poiton.