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leurs troupes, et fondent sur l’endroit des retranchements où l’accès leur parut le moins difficile. L’alarme fut aussitôt donnée par de grands feux, signal prescrit par César, et on accourut de tous les forts voisins sur le point attaqué. Les ennemis combattirent avec acharnement, comme devaient le faire des hommes désespérés, n’attendant plus leur salut que de leur courage, luttant, malgré le désavantage de leur position, contre nos soldats qui lançaient leurs traits sur eux du haut du retranchement et des tours. On en tua quatre mille ; le reste fut repoussé dans la place. Le lendemain, César fit rompre les portes laissées sans défenseurs, entra dans la ville avec ses troupes, et fit vendre à l’encan tout ce qu’elle renfermait. Il apprit des acheteurs que le nombre des têtes était de cinquante-trois mille.

XXXIV. Dans le même temps, César fut informé par P. Crassus, envoyé par lui, avec une seule légion, contre les Vénètes[1], les Unelles[2], les Osismes[3], les Curiosolites[4], les Sesuves[5], les Aulerques[6], les Rhedons[7], peuples maritimes sur les côtes de l’Océan, qu’ils s’étaient tous soumis au pouvoir du peuple romain.

Ces succès, l’entière pacification de la Gaule, toute cette guerre enfin, firent sur les barbares une telle impression, que plusieurs des peuples situés de l’autre côté du Rhin envoyèrent des députés à César, pour lui offrir des otages et leur soumission. César, pressé de se rendre en Italie et en Illyrie, leur dit de revenir au commencement de l’été suivant. Il mit ses légions en quartier d’hiver chez les Carnutes[8], les Andes et les Turons, pays voisins de ceux où il avait fait la guerre, et partit pour l’Italie. Tous ces événements, annoncés à Rome par les lettres de César, firent décréter quinze jours d’actions de grâces aux dieux, ce qui, avant ce temps, n’avait eu lieu pour aucun général (14).



LIVRE TROISIÈME.

I. En partant pour l’Italie, César avait envoyé Servius Galba, avec la douzième légion et une partie de la cavalerie, chez les Nantuates, les Véragres et les Sédunes, dont le territoire s’étend depuis le pays des Allobroges, le lac Léman et le fleuve du Rhône jusqu’aux Hautes-Alpes. L’objet de la mission de Galba était d’ouvrir un chemin à travers ces montagnes, où les marchands ne pouvaient passer sans courir de grands dangers et payer des droits onéreux. César lui permit, s’il le jugeait nécessaire, de mettre sa légion en quartier d’hiver dans ce pays. Après quelques combats heureux pour lui, et la prise de plusieurs forteresses, Galba reçut de toutes parts des députés et des otages, fit la paix, plaça deux cohortes en cantonnement chez les Nan-

  1. Pays de Vannes.
  2. Peuple de Volognes et de Cherbourg.
  3. Peuple des diocèse de Saint-Paul-de-Léon et de Tréguier.
  4. Peuple de Corsault, diocèse de Saint-Malo.
  5. Vraisemblablement le territoire de Seez.
  6. Pays d’Évreux.
  7. Peuple de Rennes en Bretagne.
  8. Peuple du pays Charirain et de l’Orléanais, ayant pour Capitale Autricum (Chartres)