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projet. Il ne pouvoit ni forcer la Ville ni engager Jugurtha à combattre autrement que par surprise ou dans un poste avantageux ; d’ailleurs l’été étoit déja passé. Ces considérations lui firent lever le siege. Il mit garnison dans les Villes qui s’étoient rendues d’elles-mêmes, & qui, par leur situation ou leurs remparts, étoient en état de se défendre, & il conduisit le reste de l’armée en quartier d’hiver dans la Province Romaine, sur les confins de la Numidie. Il ne perdit point ce temps, comme les autres Généraux, dans l’inaction & la mollesse. Comme la guerre avançoit peu par les armes, il résolut d’y substituer la ruse, & d’employer contre le Roi la perfidie de ses amis. Bomilcar, dont nous avons déja parlé au sujet de l’assassinat de Massiva, lui parut plus propre que tout autre à le trahir[1],

  1. Il n’est jamais de l’intérêt, même temporel, d’un Prince, de corrompre la droiture de ses sujets. Jugurtha, pour perdre Massiva, fait de Bomilcar un lâche assassin ; Bomilcar, à son tour, trahit son Maître, si-tôt qu’il croit pouvoir en retirer quelque avantage.