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de près les ennemis ; ceux-ci leur opposent un courage égal ; on se bat avec le dernier acharnement. Catilina, suivi de plus déterminés, se tient au premier rang, secourt ceux qui plient, fait remplacer les blessés, pourvoit à tout, combat lui-même, renverse ce qui s’oppose à lui, & remplit tous les devoirs d’un brave Soldat & d’un grand Capitaine. Pétréius, qui ne s’étoit pas attendu à tant de résistance, redouble ses efforts, pousse sa cohorte Prétorienne contre le corps de bataille, l’enfonce, trouble les rangs, massacre ceux qui tiennent ensuite des deux côtés sur les ailes. Manlius & l’autre Chef y périssent des premiers ; leurs troupes sont renversées, & Catilina se voit presque seul. Dans cette extrêmité, par un courage digne de sa naissance [1] &

  1. Pourquoi les personnes de naissance ont-elles ordinairement des sentiments plus nobles que la lie du peuple ? C’est en partie parce qu’elles savent qu’on a déja d’elles cette idée. Cette bonne réputation est un bien qu’elles ne veulent pas perdre, & elles le perdroient infailliblement par une bassesse, parce qu’un grand nombre d’hommes a les yeux attachés sur elles. Les belles actions d’un homme de néant, au contraire, se sont, pour la plupart, en pure perte du côté de la réputation. Presque personne ne le regarde ; il a le temps de se faire tuer, avant qu’on songe à parler de lui. Le moyen de rendre un homme courageux, est souvent de lui persuader qu’on le regarde comme tel.