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PAPILLONS NOIRS.


Qu’ils étaient doux et frais les jours de notre enfance !
Que de chants, que de fleurs renferme le passé I
Mais, hélas ! à cité d’un bonheur effacé,
Zoé, que de souffrance !

Lorsque tés yeux jetaient un lugubre reflet
A travers les longs cils de ta noire prunelle,
Que ma mère, éprouvant une angoisse mortelle,
Pleurait à ton chevet,

Que l’on n’entendait plus, dans la morne agonie,
Que murmurer ton cœur comme un enfant qui dort ;
Quand ta peau frissonnait sous l’aile de la mort.
Quand te quittait la vie,

A cette heure fatale, où te rappelait Dieu,
Je n’ai pu recueillir ta dernière pensée,
Je n’ai pu de ma main presser ta main glacée
Dans un suprême adieu.

Oh ! s’il m’était permis de lever cette pierre
Qui garde ton sommeil, j’embrasserais la croix
Avec tant de ferveur que peut-être, je crois,
S’ouvrirait ta paupière.

Pour cette nuit laissant les voiles dé la mort
Recouvrant de leurs plis glacés ta blanche épaulé,
Tu viendrais me parler, au pied de ce vieux saule,
De l’ineffable bord.