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j’aurai fait connoître l’embarras et la confusion des caractères par lesquels nos anciens Titres et nos Manuscrits ont été transmis jusqu’à nous.

Sans parler des abréviations, souvent très-équivoques, qu’on y trouve à chaque ligne, les différentes parties du discours n’y sont distinguées par aucune sorte de ponctuation ; les mots commençant par des voyelles, et précédés d’articles ou de certains pronoms, n’offrent point d’apostrophes, qui fassent discerner l’un de l’autre ; deux mots sont, la plupart du temps, mis ensemble, comme s’ils n’en faisoient qu’un, tandis qu’un autre est coupé par le milieu, comme s’il en faisoit deux : enfin jamais on y verra de points sur les i, et par conséquent les jambages des m, des n et des u, qui avoient entr’eux beaucoup de ressemblance, sont presque toujours confondus avec les i : de sorte qu’un même mot peut être lu de huit ou dix façons différentes. La même difficulté se présente à chaque lettre : il n’en est presque aucune qui ne puisse être prise pour quelqu’autre ; les traits qui les distinguent sont imperceptibles aux yeux les plus clair-voyants. De-là tant de mots mal lus, dont on a fait autant d’articles dans des Glossaires particuliers, ou dans des notes, et qui ont été aussi mal interprétés, quand les Editeurs n’ont pas eu la bonne foi de convenir qu’ils ne les entendoient pas.

Quelle sera donc la ressource d’un lecteur dans la multitude de ces diverses leçons que le même texte lui présente, et qui sont toutes également bien fondées, à n’en juger que par le témoignage de ses yeux ? La connoissance de la Langue lui donnera le seul moyen qui lui reste de lever ses doutes, et de sortir de ce labyrinthe. Il tiendra pour suspects tous les mots que son texte lui offrira, lorsqu’ils lui seront inconnus : il admettra avec confiance ceux dont il apprendra, par le Glossaire, que l’usage est appuyé sur des exemples.

Pardonnons à nos Modernes une ignorance que l’éloignement des temps rend excusable. Il y a près de 300 ans que Molinet ayant déjà voulu interpréter le langage du Roman