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Si je n'ay bien la pareille rendu,
Parlez pour moy, excusez l'impuissance.
Guardez de froid, et de toute nuisance,
Ces blanches Mains tant dedans que dehors.
Ò pleust à Dieu que j'eusse la puissance
De vent et froid guarder tout son gent Corps.

Qu'on doibt toutes aymer, et une servir.


Si je pouvois, moy seul, cent Cueurs avoir,
Pour presenter à cent Dames service,
De les servir je ferois mon debvoir,
Aussy pourrois le faire sans convice.
Mais je serois, souillé d’un bien grand vice
En faisant offre à toutes d’un seul Cueur,
C'est proprement l'affaire d’un mocqueur,
Et variant tout ainsy que la Lune.
Parquoy je veulx, pour guarder mon honneur,
Toutes aymer servir seulement une.

De l'inegalle, et injuste recompense
du service d’Amours.


Le Cueur loyal, en Amour est deceu.
Car mieulx il sert, moins on le recompense.
Le desloyal, est le tresbien receu,
Et moins il sert, et tant plus on l'advance,