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Fuiant un tas de faulx esprits menteurs,
Lesquels ne sont que des Corps enchanteurs.
Mais quant à toy, je suis seur, que la craincte,
Ne t'a en rien de ce costé contrainte.
Car les Tenteurs perdroient tout leur effort,
En abbordant à un Roc si tresfort.

Tu as getté un si bon fondement,

Que dirver ne le peut nullement
La volupté, qui soit exterieure,
Car la deffence y est interieure.
Toute vertu, joincte avec vive Foy,
Ont si bien fait le rampard devers soy.
Que les assaulx de plaisance mondaine,
N'y peuvent rien que de puissance vaine,
Et nonobstant, contentes ton desir,
Plaisir prenant, pour fuir le plaisir.
Fuiant plaisir, lequel nous est visible,
Et choisissant un plaisir invisible,
Un plaisir donq', au dedans actuel,
Et n'estant rien sinon sprirituel.
Et par ce poinct, il nous donne à cognoistre,
Qu’en decroissant incessamment veult croistre.
En decroissant de ceste vanité,

De plus en plus croist à eternité,
Et par ainsi, une volunté telle,

Qui seulement, tend à chose immortelle,

Fera aussi, tous tes faicts estre tels,