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Louer aultruy, est une bonne eschange.
Car on a part, louant, en la louange:
Mais ce n’est pas un faict de petit pris.
D’avoir aultruy bien louer entrepris.
Louange doibt estre sans flatterie,
Louenge doibt estre sans menterie,
Louenge doibt avoir pour le surplus,
Un bon moyen, entre le moins et plus.

Quand ce vient donc que de louenge on use,

Guarder se fault que du mot l'on n’abuse:
Et regarder à ce, que le loué,
Soit d’un chascun des tiltres advoué.
Et oultre plus y fault, la cognoissance
De n’embrasser rien, oultre sa puissance:
Car qui haults faicts à louer entreprend,
Et par deffault de pouvoir, ne comprend
Le los, qui est à louer necessaire:
Estimé est un loueur temeraire.
Il vauldroit mieulx n’entreprendre tel faict,

Que le laisser au millieu imperfaict.
Cecy je dy (tresvenerable Dame)

Craignant à droit encourir celuy blasme,
Que je cognoy de loing me menasser:
Si je veulx plus un peu oultrepasser.
Louer aultruy en louenge modeste,
Est une chofe estimée estre honneste:

Car loué est en ce, le Créateur,