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20 septembre 1830 Diderot Mémoires, correspondance et ouvrages inédits[1] I Il y a dans Werther un passage qui m'a toujours frappé par son admirable justesse : Werther compare l'homme de génie qui passe au milieu de son siècle, à un fleuve abondant, rapide, aux crues inégales, aux ondes parfois débordées ; sur chaque rive se trouvent d'honnêtes propriétaires, gens de prudence et de bon sens, qui, soigneux de leurs jardins potager ou de leurs plates-bandes de tulipes, craignent toujours que le fleuve ne déborde au temps des grandes eaux et ne détruise leur petit bien-être ; il s'entendent donc pour lui pratiquer des saignées à droite et à gauche, pour

  1. On peut lire dans les Portraits littéraires, tome 1er , pages 251 et 263, à l'article sur Diderot (1831), les notes concernant ces deux premiers articles du Globe. Le début même de celui-ci s'y trouve en partie reproduit.