Ces observations techniques, que nous ne pouvons qu’effleurer, et dans lesquelles M. Rossignol nous a rappelé un critique bien délicat aussi d’oreille et de goût, feu M. Mablin, ces curiosités d’un dilettantisme studieux mènent à l’intelligence vive et entière des modèles qu’il s’agit d’apprécier. De même qu’on est disposé à mieux sentir Théocrite au sortir de ces pages, on mesure avec plus de certitude le degré précis dans lequel Virgile s’est approché du maître : car c’était bien un maître que Théocrite pour Virgile dans la poésie pastorale ; et M. Rossignol, qu’on n’accusera pas d’irrévérence envers aucun génie antique, établit la différence et la distance de l’un à l’autre par des caractères incontestables. Virgile, jeune, amoureux de la campagne, mais non moins amoureux des poésies qui la célébraient, s’est évidemment, à son début, proposé Théocrite pour modèle presque autant que la nature elle-même. Il semble véritablement avoir lu Théocrite plume en main, et avoir voulu bientôt en imiter et en placer les beautés, assez indifférent d’ailleurs sur le lieu. La forme dans laquelle il a reproduit et comme enchâssé à plaisir ces images, ces comparaisons pastorales, est sans doute ravissante de douceur et d’harmonie, et c’est là ce qui a fait la fortune des
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mées. M. Rossignol y a ajouté quelque chose, et l’observation du dactyle au troisième pied est de lui. Sur neuf cent quatre-vingt-dix-sept vers de Théocrite, il y en a sept cent quatre-vingt-six qui offrent cette circonstance métrique ; et pour quiconque a pénétré la délicatesse habile et même subtile des anciens en telle matière, ce ne saurait être l’effet du hasard. Ceux qui seraient tentés d’accueillir avec sourire ce genre de recherches intimes, poursuivies par un homme de goût, peuvent être de bons et d’excellents esprits, mais ils ne sont pas entrés fort avant dans le secret du langage antique, et nous les renverrions pour se convaincre, s’ils en avaient le temps, à Denys d’Halicarnasse et aux traités de rhétorique de Cicéron.