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VIRGILE ET CONSTANTIN LE GRAND
par M. J.-P. Rossignol.


Ce titre demande tout d’abord une explication. Tout le monde connaît la IVe églogue de Virgile adressée à Pollion : Sicelides Musœ... Le poète y célèbre la naissance d’un divin enfant qui doit ramener l’âge d’or. Or il existe, parmi les œuvres de l’historien ecclésiastique Eusèbe, un discours grec qui passe pour la traduction d’un discours latin attribué à Constantin, et dans ce discours, qui n’est qu’une démonstration du Christianisme, l’Empereur s’appuie sur le témoignage des Sibylles, et particulièrement sur la IVe églogue qu’il produit et commente. Cette églogue se lit aujourd’hui en vers grecs dans le discours. Mais la traduction diffère notablement de l’églogue latine, et en altère plus d’une fois le sens en le tirant vers le but nouveau qu’on se propose. De qui peuvent venir ces altérations ? M. Rossignol, qui se pose cette question et plusieurs autres encore, est ainsi amené de point en point à douter de l’authenticité du discours attribué à l’Empereur, et, rassemblant tous les indices qu’une critique sagace lui fournit, il n’hésite pas à conclure que c’est Eusèbe lui-même qui l’a fabriqué. Telle est l’idée générale de ce volume qui se compose d’une suite de petits Mémoires, et dans lequel l’auteur semble n’avoir pris son sujet principal que comme un prétexte à quantité