On a reconnu là le sentiment du beau passage d’Horace… carent quia vate sacro. Déjà Sapho, s’adressant à une riche ignorante, l’avait pris sur ce ton, et Pindare a merveilleusement comparé un homme qui a beaucoup travaillé et qui meurt sans gloire, c’est-à-dire sans le chant du poëte, à un riche qui meurt sans la tendresse suprême d’un fils, et qui est obligé dans son amertume de prendre un étranger pour héritier. Ce même sentiment qui est celui de la puissance et du triomphe définitif du talent, je le retrouve chez quelques modernes qui sont de la grande famille aussi. Lamartine, alors qu’il ne croyait encore qu’à la seule gloire des beaux vers, parlait à Elvire avec cet intime accent :
Je terminerai ici avec Théocrite : cette gloire qu’il proclamait la seule durable ne l’a point trompé ; c’est, après tant de siècles, un honneur en même temps qu’un charme de l’aborder de près et de venir s’occuper de lui. Il ne me reste qu’à demander indulgence pour les essais de traduction que j’ai risqués. Ceux qui ont le texte présent avec ses délicatesses savent où j’ai échoué, et à quoi aussi j’aspirais. Traduire de cette sorte Théocrite, c’est un peu comme si l’on allait puiser à une source vive dans le creux de la main, ou encore comme si l’on essayait d’emporter de la