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RELATION INÉDITE
DE
DE LA DERNIÈRE MALADIE

DE LOUIS XV


La pièce suivante est de celles qui appartiennent au genre de Suétone, de Dangeau et de Burchard ; c’est un feuillet des historiens de l’Histoire Auguste, une page de Procope ou de Lampride, page précieuse, bien qu’elle soit incomplète et à moitié déchirée. L’auteur, appelé par les devoirs de sa haute charge domestique à assister à la dernière maladie de Louis XV, en note tous les détails et les alentours avec cette vérité entière et inexorable qui ne fait grâce de rien ; le sentiment qui l’anime n’est pas une curiosité pure, et, dans ce qui semblerait même repoussant, sa probité s’inspire à une source plus haute : témoin de l’agonie d’un monarque et d’une monarchie, il veut flétrir ce qui en a corrompu la sève et ce qui en pourrit le tronc. Ainsi ce grave personnage, Du Vair, ne craignait pas de raconter à Peiresc, qui les a notées, les particularités les plus infamantes des règnes de Charles IX et de Henri III. C’est de la sorte seulement qu’on s’explique bien la chute des vieilles races, et la facilité avec laquelle, au jour soudain des colères divines et populaires, l’orage les déracine, sans que la voix tardive des sages, sans que les intentions les plus pures des innocentes victimes, puissent rien conjurer.