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RÉCEPTION DE M. VITET

À L’ACADÉMIE FRANÇAISE


Ce n’était pas seulement le souvenir si vif de la dernière séance et de ses piquantes péripéties qui avait attiré cette fois une affluence plus considérable encore, s’il se peut, sous la coupole désormais trop étroite de l’Institut : le sujet lui-même était bien fait pour exciter une curiosité si empressée, et il l’a justifiée complètement. À M. Soumet, à un poëte des plus féconds et des plus brillants, placé aux confins de l’ancienne et de la moderne école, succédait M. Vitet, l’un des écrivains qui ont le plus contribué comme critiques à l’organisation et au développement des idées nouvelles dans la sphère des arts, un de ceux qui avaient le plus travaillé à mettre en valeur la forme dramatique de l’histoire et à la dégager des voiles de l’antique Melpomène ; homme politique des plus distingués, il se trouvait en présence d’un homme d’État chargé de le recevoir sur un terrain purement littéraire. L’illustre président du 15 avril avait ainsi à parler de la question romantique et de Lesueur, et l’auteur des Barricades devait aborder ce qui assurément y ressemble le moins, la dernière tragédie de Clytemnestre. Ce sont là de ces mélanges agréablement tempérés comme les désire et comme au besoin les combinerait le genre académique, dont le triomphe, pour une bonne part, se compose toujours de la difficulté vaincue. Elle l’a été, cette fois, de la manière la