le détail de toutes ses coquetteries et de ses caresses de beau monde[1]. Enfin, grâce aux tourmentes publiques et à l’impression qui en resta sur son cœur, une inspiration réelle lui vint ; il se fit le poëte du passé, des infortunes royales, le poëte du malheur et de la pitié. Cette veine de larmes, en fécondant la seconde partie de ses œuvres, donna à sa renommée poétique un caractère sérieux et touchant, que salua avec transport la société renaissante, et qui couronna dignement sa vieillesse.
De Saint-Diez dans les Vosges, patrie de madame Delille, où il alla d’abord et où il acheva la traduction de l’Enéide, Delille partit pour la Suisse. Presque aveugle, il entrevoyait pourtant, et les beautés de la nature lui arrivaient çà et là gaiement dans un rayon. De près, il ne voyait les objets qu’avec sa grande loupe, grains de sable et cailloux. À Bâle, fut-il en effet témoin du bombardement de Huningue et y apprit-il à décrire le jeu de la bombe :
De son lit embrasé, tantôt l’affreuse bombe, etc. ?
- ↑ Il faut tout dire : on a pourtant cité de lui un fils naturel ou adultérin, né d’une relation toute bourgeoise.