Le poëte est comme la giroflée qui s’attache frêle et odorante au granit, et demande moins de terre que de soleil.
Mais, hélas ! je n’ai plus de soleil, depuis que se sont fermés les yeux si charmants qui réchauffaient mon génie !
agitent le cœur mortel sont les esclaves de
l’amour.
(Coleridge.)
Encore un printemps, – encore une goutte de rosée qui se bercera un moment dans mon calice amer, et qui s’en échappera comme une larme.
Ô ma jeunesse ! tes joies ont été glacées par les baisers du temps, mais tes douleurs ont survécu au temps qu’elles ont étouffé sur leur sein.
Et vous qui avez parfilé la soie de ma vie, ô femmes ! s’il y a eu dans mon roman d’amour quelqu’un de trompeur, ce n’est pas moi, quelqu’un de trompé, ce n’est pas vous !
Ô printemps ! petit oiseau de passage, notre hôte d’une saison, qui chantes mélancoliquement dans le cœur du poëte et dans la ramée du chêne !
Encore un printemps, – encore un rayon du soleil de mai au front du jeune poëte, parmi le monde, au front du vieux chêne parmi les bois !
Que conclure, en finissant, de cette infortune de plus ajoutée à tant d’autres pareilles, et y a-t-il quelque chose à conclure ? Faut-il prétendre, par ces tristes exemples, corriger les poëtes, les guérir de la poésie ; et pour eux, natures étranges, le charme du malheur raconté n’est-il pas plutôt