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MÉMOIRES
DU
GÉNÉRAL  LA  FAYETTE
(1838.)


I

Nous sommes en retard pour parler de cette publication dont les trois premiers volumes ont paru depuis déjà bien des mois. Mais on est moins en retard que jamais pour venir parler d’un homme avec qui la vogue, la popularité ou l’esprit de parti n’ont plus rien à faire, et qui est entré tout entier dans le domaine historique, ainsi que l’époque qu’il représente et qui est de même accomplie.

La Révolution française, en effet, peut être considérée comme entièrement terminée, sous les formes, du moins, qu’elle a présentées à chaque reprise durant l’espace de quarante ans. Ces formes, qui, depuis la déclaration des droits jusqu’au programme de l’Hôtel de Ville, roulent dans un cercle déterminé d’idées et d’expressions, ne semblent plus avoir chance de vie et de fortune sociale dans ces mêmes termes. On peut s’en réjouir, on peut s’en plaindre et s’en irriter. Mais le résultat semble acquis ; dans ces termes-là, il est obtenu… ou manqué ; et, à mon sens, en partie obtenu, en partie manqué. Ceux même qui continuent de prendre l’hu-