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Virgile s’y ajoute à la fin[1]. Quand on relit un auteur ancien, quel qu’il soit, et qu’on sait André par cœur, les imitations sortent à chaque pas. Dans ce fragment d’élégie :

Mais si Plutus revient, de sa source dorée,
Conduire dans mes mains quelque veine égarée,
À mes signes, du fond de son appartement,
Si ma blanche voisine a souri mollement…,

je croyais n’avoir affaire qu’à Horace :

Nunc et latentis proditor intimo
Gratus puellae risus ab angulo ;

et c’est à Perse qu’on est plus directement redevable :

Cor tibi rite salit … Visa est si forte pecunia, sive
Candida vicini subrisit molle puella,
Cor tibi rite salit…[2]

  1. Je trouve ces quatre beaux vers inédits sur Bacchus :

    C’est le Dieu de Nisa, c’est le vainqueur du Gange,
    Au visage de vierge, au front ceint de vendange,
    Qui dompte et fait courber sous son char gémissant
    Du Lynx aux cent couleurs le front obéissant…

    J’en joindrai quelques autres sans suite, et dans le gracieux hasard de l’atelier qu’ils encombrent et qu’ils décorent :

    Bacchus, Hymen, ces dieux toujours adolescents…
    Vous, du blond Anio Naïade au pied fluide ;
    Vous, filles du Zéphire et de la Nuit humide,
    Fleurs…
    Syrinx parle et respire aux lèvres du berger…
    Et le dormir suave au bord d’une fontaine…
    Et la blanche brebis de laine appesantie…,

    et celui-ci, tout d’un coup satirique, aiguisé d’Horace, à l’adresse prochaine de quelque sot,

    Grand rimeur aux dépens de ses ongles rongés.

  2. On a quelquefois trouvé bien hardi ce vers du Mendiant :
    Le toit s’égaie et rit de mille odeurs divines ;
    il est traduit des Noces de Thétis et de Pélée :
    Queis permulsa domus jucundo risit odore.
    On est tenté de croire qu’André avait devant lui, sur sa table, ce