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et sévère dans toute la sainteté du martyre. Mais les expressions, qui d’elles-mêmes vont s’idéalisant à son sujet, doivent se tempérer plutôt : car, en abordant cette femme illustre, c’est d’un personnage grave, simple et historique, que nous parlons.

Elle s’est peinte de sa propre main de façon à ne pas donner envie de recommencer après elle. À moins d’avoir quelques traits originaux à ajouter aux siens, comme ont fait Lemontey et divers autres contemporains qui l’avaient vue, on n’a qu’à renvoyer, pour l’essentiel de sa personne, à ses délicieux et indispensables Mémoires. Comment raconter la vie de Jean-Jacques, son enfance, ses durs commencements, ses belles années, comment retracer de nouveau les particularités de sa physionomie de jeune homme, après les Confessions ? Ainsi de Mme Roland, il ne faut pas repasser le crayon sur le pur dessin de cette figure fine et hardie, grandiose et gracieuse, intelligente et souriante ; vouloir ressaisir ce profil simple et net, modeste et fier ; oser retoucher ces jours d’enfance dont elle fixait, à travers les grilles de l’Abbaye ou de Sainte-Pélagie, en couleurs si distinctes, la fraîcheur elles enchantements, depuis l’atelier de son père au quai des Lunettes et cet enfoncement favori du petit salon où elle avait élu domicile, depuis les catéchismes de l’église Saint-Barthélémy, la retraite au couvent de la rue Neuve-Saint-Étienne pour sa première communion, et les promenades au Jardin des Plantes, jusqu’à son séjour heureux et recueilli chez sa grand’maman Phlipon dans l’île Saint-Louis, son retour au quai paternel proche le Pont-Neuf et ses excursions du dimanche au bois de Meudon. Tout cela est fait, tout cela est à relire. Ces détails si vrais, si faciles, si heureux de présence d’esprit et de liberté d’expression, ces innocents et profonds souvenirs se jouant d’eux-mêmes dans le cadre sanglant, funèbre, qui les entoure, qui les resserre à chaque instant et qui bientôt va les supprimer avant la fin et les écraser, forment une des lectures éternellement charmantes