Page:Sainte-Beuve - Portraits contemporains, t2, 1869.djvu/14

Cette page n’a pas encore été corrigée

4 POIITUVITS COiM’KMfOUAl.NS. jeunes gens et de jeunes personnes. 11 lisait, et surtout écrivait dès lors beaucoup. Vers l’âge de vingt ans, il écrivit ces pages du SentimeiU qui furent publiées en 1801. Mais avant ce livre, et durant ses années les plus valétudinaires qui correspondent au temps du siège de Lyon, il s’était fort occupé de l’Épopée lyonnaise, grand poëme en prose, dont parle la Préface générale, et qui ne fut jamais imprimé. Grâce à cette poétique concep- tion et à un sentiment d’espérance qu’il nourrissait, la durée du siège se passa pour lui assez heureusement; mais la terreur qui suivit n’en fut que plus accablante; il s’enfuit à la campagne avec sa mère, et y souffrit de toutes les privations. 11 tenait de son père pour la constitution physique; mais, comme tant d’hommes célèbres, pour le dedans et la manière de sentir, il te- nait étroitement de sa mère. De retour à Lyon après le 9 ihermidor, le jeune Bal- lanche eut à subir une convalescence très-longue, très-pénible, plus orageuse que ne l’avait été la mala- die même. Une partie des os de la face et du crâne étaient altérés ou atteints de mort : il fallut appliquer le trépan. La force de caractère du malade était si grande que, tandis que l’instrument opérait sur sa tête, des dames qui causaient près de la cheminée à l’autre bout de la chambre ne s’en aperçurent pas, Vico, dit-on, éprouva dans son enfance une maladie du même geni’e. IMalebranche aussi avait sa maladie de la moelle épinière. Toujours le dur marteau de Vulcain doit-il aider à l’cnfanlement de la pensée dillicilo, à la sortie de la Minerve immortelle?