Page:Sainte-Beuve - Portraits contemporains, t1, 1869.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. DE SÉNANCOUR.

1833.
Oberman[1].

Oberman fut publié pour la première fois au printemps de 1804, dans les derniers mois du Consulat ; il avait été composé en Suisse durant les années 1802 et 1803. Quand M. de Sénancour écrivait Oberman, il ne se considérait pas comme un homme de lettres ; ce n’était pas un ouvrage littéraire qu’il tâchait de produire dans le goût de ses contemporains. Sorti de Paris à dix-neuf ans, dès les premiers jours de la Révolution ; retenu par les circonstances et la maladie en Suisse, au lieu des longs voyages qu’il méditait ; marié là et proscrit en France à titre d’émigré, M. de Sénancour n’était rentré que furtivement, à diverses reprises, pour visiter sa mère, et s’il s’était hasardé à séjourner à Paris, sans papiers, de 1799 à 1802, ç’avait été dans un isolement absolu : il avait profité toutefois de ce sé-

  1. Ces pages, qui complètent ce que j’avais précédemment écrit sur les ouvrages de M. de Sénancour, ont servi de préface à la seconde édition d’Oberman (1833).