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LIVRE QUATRIÈME.

M. de Tillemont ; il promettait d’en donner autant tous les quinze jours ; mais on lui imposa silence. Cela veut dire probablement que le Chancelier et autres personnes considérables, qui s’intéressaient à l’ouvrage attaqué, firent conseiller au méchant esprit de se tenir tranquille, s’il ne voulait avoir affaire à l’autorité. Ce qui est bien certain, c’est que M. de Tillemont ne contribua en rien à cette défense, que des amis zélés prirent sur eux. L’abbé Faidit, dérangé dans ses visées premières, et trop jaloux des productions de son génie pour les supprimer aisément, essaya de revenir à la charge par un détour, et donna un nouveau pamphlet intitulé : Éclaircissements sur les deux premiers Siècles de V Église. « Cette attaque, disent nos biographes, ne fut pas plus heureuse que la première ; et l’auteur, étant forcé définitivement de se taire, prit son essor d’un autre côté, et travailla sur Virgile et sur Homère ^ »

C’est sur un tout autre ton que plus tard Dora Liron, dans ses dissertations recueillies sous le titre à’ Aménités de la Critique, discuta avec respect et avec convenance un assez grand nombre d’opinions particulières à Tillemont, et se permit de prendre parti dans un autre sens. Rien ne prouve mieux combien le doute est souvent le résultat le plus net et le plus sensé de la recherche historique la plus approfondie. Et puis il arrive, malgré tout, à Tillemont lui-même de se tromper quelquefois, La Bléterie a dit là-dessus assez agréablement : « Les premières fois que je le trouvois en faute, je me sentois 1. Dom Clémencet, Vie manuscrite de M. de Tillemont. — Veut-on un échantillon de la justesse des remarques de l’abbé Faidit ? « Je lui passe les répétitions, disait-il, mais je ne puis excuser les falsifications (M. de Tillemont un falsificateur !).... Ce nombre innombrable d’auteurs d’où M. de T. a tiré son texte et ses notes, et dont il fait le pompeux étalage à la tête de chaque tome, me paroîtplus rempli ^’ostentation que d’utilité.... »et il ne voit dans ces tables qu’un index de vanité.