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LIVRE TROISIÈME.

quelquefois plus les affaires de Dieu en se remuant trop qu’en demeurant en un humble repos, dans lequel on auroit plus de soin de relever sa confiance vers lui par de fréquentes prières. L’on peut aussi ajouter que l’on n’est pas même demeuré dans les termes marqués par M. de Saint-Cyran, en se contentant de faire voir que la doctrine que l’on suivoit n’étoit pas de M. d’Ypres, mais de saint Augustin. On a cru qu’il étoit plus sûr de se jeter dans la distinction du droit et du fait, pour laquelle on a combattu durant dix ou douze ans[1], y mêlant en même temps les chimères des Thomistes, que M. d’Ypres avoit voulu éviter ; ce que M. de Barcos n’a jamais pu approuver, se croyant trop bien informé des intentions de M. d’Ypres et de son oncle pour les abandonner dans un point de cette importance. Ce n’est point à moi à me rendre juge entre de si grands hommes ; la postérité en jugera mieux que personne. Je raconte les faits comme un historien qui doit être fidèle pour rendre honneur à la Vérité. J’avoue au moins qu’il est difficile de se persuader, ou que M. d’Ypres, qui avoit lui-même pris ces mesures-là pour éviter toutes les contestations, n’eût pu juger de la véritable manière de soutenir son ouvrage, ou que M. de Saint-Cyran, qui avoit tant de lumières, eût manqué en ce point, ou que nous eussions pu être réduits à un état moins favorable en suivant cette voie-là, que de voir la Signature dans l’Église, le livre de M. d’Ypres flétri à Rome, l’exclusion de la Faculté pour les docteurs, et la perte de la maison de Port-Royal de Paris.[2] »

Ainsi Pascal en était revenu de son côté à l’idée de l’humble Lancelot, mais il l’exprimait selon sa nature, d’ua ton autrement énergique et impétueux. Il en faut juger tout aussitôt par quelques-unes de ses pensées

  1. Lancelot commença ses Mémoires vers le mois d’octobre 1663 ; en supposant, ce passage écrit en 1664, cela donne en effet douze ans depuis les démarches à Rome des docteurs Augustiniens, Saint-Amour et consorts, pendant l’année qui précéda la Bulle d’Innocent X ; ce furent ces démarches qui engagèrent le Jansénisme dans ce que je ne puis m’empêcher de regarder avec Lancelot comme une voie équivoque (voir précédemment, page 20 du présent volume).
  2. Mémoires de Lancelot, tome I, pages 214 et suiv.