caution pour son confrère auprès de M. le Chancelier et obtînt du même coup la liberté de Preveray qui sortit aussitôt de la Bastille. Le Chancelier s’était subitement radouci.
Je ne vois pas non plus qu’une autre affaire, indiquée dans l’ouvrage de M. Ravaisson, à la date du mois de mai 1661, ait dû avoir de grandes suites. Il s’agit d’un appelé Pierre Baudelot qui, ayant à passer des thèses, avait jugé à propos de les dédier à la mémoire de feu M. de Saint-Cyran. Il avait distribué trois de ces thèses dans la ville d’Orléans, et pour ce fait de la distribution et pour « cette action extraordinaire » de la Dédicace, il avait été mis à la Bastille. La veuve Baudelot, — sans doute sa mère, — avait adressé requête au Chancelier pour qu’on voulût bien interroger son fils. Il est à croire qu’on le lui rendit. Ce nom de Baudelot qui se rencontre seulement dans les Archives de la Bastille, ne se retrouve, à ma connaissance, nulle part dans les livres de Port-Royal. C’est un humble martyr perdu dans le nombre et qui s’est vu oublié.
Pour en revenir aux illustres, les papiers de la Bastille n’apprennent rien de nouveau sur la détention de M. de Saci (1666-1668) dont les moindres particularités nous ont été transmises par le fidèle Fontaine. Il est peut-être juste d’adoucir ce que j’ai dit d’après celui-ci (dans le tome II, p. 349) du gouverneur, M. de Besmaus (et non Bézemaux), lequel pouvait bien être sec, dur et désagréable, mais non pas précisément « grossier ; » il faut observer les nuances, même envers les gouverneurs de la Bastille, On a la lettre du roi à ce gouverneur, contresignée de Lionne, pour accorder à madame de Pomponne la permission de voir son cousin prisonnier. La voici, grâce à l’obligeance de M. Ravaisson qui me la communique avant de la publier lui-même :
« … La dame de Pomponne m’ayant fait demander permission de voir le sieur de Saci que vous détenez par mon ordre dans le château de la Bastille et lui accorder la liberté de pouvoir s’entretenir sur ses affaires particulières, je vous fais cette lettre pour vous dire que je trouve bon que vous permettiez à ladite dame devoir ledit prisonnier toutes les fois que bon lui semblera, à la charge néanmoins que vous serez présent lorsqu’ils conféreront ensemble et que vous ne souffrirez pas qu’il soit parlé d’autres affaires que de celles qui regarderont leur domestique ; à quoi m’assurant que vous satisferez avec la ponctualité que je dois me promettre de votre fidélité et affection à mon service,
Je prie Dieu qu’il vous ait en sa sainte garde.
Paris, 13 décembre 1667.
De LIONNE.
On remarquera la date de cette lettre. Il est aisé de la concilier avec ce qu’a raconté Fontaine d’une autre démarche de madame de