indomptable reprenait le dessus ; mais le témoignage est formel, et il est acquis. Il a tout son prix de la part d’un des plus honnêtes hommes, et des plus prononcés, de l’école rationaliste.
ENCORE UN DÉBAT SUR PASCAL
Il y a lieu de parler plus longuement de l’édition des Pensées par M. Astié et du débat qu’elle a suscité. L’auteur de Port-Royal doit lui-même se tenir très-honoré d’avoir fourni la première occasion ou le prétexte à ce conflit, à cette espèce de tournoi des plus sérieux, dans lequel ont figuré les théologiens les plus distingués du jeune Protestantisme, et dans lequel les plus importantes questions de l’Apologétique chrétienne ont été agitées. En tête de son édition des Pensées de Pascal, disposées suivant un plan nouveau (2 vol. in-18, Paris et Lausanne, chez Bridel, 1857), M. Astié disait :
" Cette nouvelle édition des Pensées de Pascal doit son origine à deux remarques de M. Sainte-Beuve, qu’il convient de rappeler. Il dit, en parlant de l’édition de M. Faugère : « Le livre, évidemment, dans son état de décomposition et percé à jour comme il est, ne saurait plus avoir aucun effet d’édification sur le public. Comme œuvre apologétique, on peut dire qu’il a fait son temps. » Aucun admirateur de Pascal ne saurait souscrire à un jugement si absolu et si excessif, et, pour notre part, nous n’en avons pas eu plus tôt connaissance que nous nous sommes demandé comment on pourrait prévenir un si grand malheur.
« Pendant que je cherchais ce qu’il y avait à faire pour restituer aux Pensées leur caractère de livre édifiant, auquel Pascal aurait avant tout tenu, la seconde remarque du savant critique… est venue fort à propos m’encourager dans mon dessein : « Chaque époque ainsi va refaisant une édition à son usage, dit ailleurs M. S.-B. ; ce sont les aspects et comme les perspectives du même homme, qui changent en s’éloignant. Il ne me paraît pas du tout certain que l’édition actuelle, que nous proclamons la meilleure, soit la définitive. » Ainsi le mal n’est pas, après tout, aussi grand qu’il semblait d’abord ; il y a encore place pour une nouvelle édition ; seulement il faut qu’elle restitue aux Pensées leur caractère de livre édifiant. »
Ce caractère édifiant, qu’il veut maintenir aux Pensées de Pascal, préoccupe avant tout M. Astié : il n’admet à aucun degré que