pendant qu’il était caché ; madame de Sablé avait servi d’intermédiaire, et Arnauld n’avait été désigné par elle que sous le nom de M. de Saint-Denys. On voit, par des lettres trouvées dans les papiers de cette dame, qu’il n’était pas en tout satisfait des solutions de l’illustre Compagnie. Voici un billet de lui, du 3 décembre 1659, adressé, je crois, à M. Vallant, médecin de madame de Sablé :
« Je vous supplie de remercier Madame la Marquise de la bonté qu’elle a de me ménager si bien le secret que je l’ai priée de garder. Je suis fort aise que ces Messieurs (de l’Académie) soient contents de M. de Saint-Denys ; et, pour vous dire le vrai, quoique j’aie trouvé quelque chose à redire dans leur Mémoire, j’estime beaucoup plus leur manière d’agir si civile et si obligeante, que s’ils étoient infaillibles dans les jugements qu’ils portent sur notre langue. Je suis tout à vous. »
Ce billet se rapporte à la longue lettre qu’Arnauld écrivait à madame de Sablé sous le nom de M. d’Astein, à la date du 21 novembre :
« Madame,
« On ne peut rien voir de plus obligeant que la réponse de l’Académie ; mais comme vous auriez sujet de trouver mauvais que je ne vous parlasse pas avec toute sorte de sincérité, je vous dirai franchement que j’attendois quelque chose davantage d’une si célèbre Compagnie : car, des cinq questions qui leur avoient été proposées, n’y ayant que la dernière qui regarde la Grammaire françoise en particulier, et les quatre premières regardant la Grammaire générale, et
mettre le relatif après un nom sans article. Par exemple, on dira tout court : Il a été traité avec violence ; et on dira : Il a été traité avec UNE violence qui a été tout à fait inhumaine. Mais, on dit pourtant très-bien, contrairement à cette règle : Il agit en politique qui sait gouverner… Arnauld cherche l’explication de ces irrégularités, et les réduit à une règle commune, à laquelle il donne une expression plus générale que ne l’avait fait Vaugelas.