qu’à la fin un organe aussi sincère que pouvaient l’être M. de Beaupuis ou Lancelot. Coustel examine donc s’il vaut mieux élever les enfants dans les maisons religieuses, comme c’était autrefois la coutume en Italie et en Allemagne, ou chez les parents, comme plusieurs se le persuadent, ou enfin dans les Collèges, comme c’est à présent, dit-il, la pratique la plus universelle. Dans le premier cas, la piété est plus garantie ; dans le second, la civilité est mieux observée ; dans le troisième, l’étude d’ordinaire a le dessus. 1° Piété ou vertu ; 2° belles-lettres ou science ; 3° civilité, c’est-à-dire ce qui doit être le dehors, la forme convenable des deux autres mérites, et comme le cachet de l’honnête homme ; ce sont là les trois parties d’une complète éducation. Il est difficile de les combiner. Les maisons religieuses, la famille, ou les Collèges, ont en soi leurs inconvénients ; dans chacun de ces systèmes d’éducation, on ne pourvoit à l’une des parties essentielles qu’en sacrifiant plus ou moins les autres :
« Il y a longtemps, ajoute Coustel, qu’Érasme[1] a témoigné que, pour éviter la plupart de ces inconvénients (particulièrement ceux des Collèges ou de la maison paternelle), il falloit mettre cinq ou six enfants avec un honnête homme ou deux, dans une maison particulière : Plerisque placet media quædam ratio, ut apud unum præceptorem quinque sexve pueri instituantur ; ita nec sodalitas deerit œtati, cui convenit alacritas ; neque non sufficiet singulis cura præceptoris ; et facile vitabitur corruptio quam affert multitudo. — (La plupart, dit Érasme, ont adopté une sorte de voie moyenne, qui consiste à placer cinq ou six enfants sous un précepteur : ainsi on procure la vie en commun à cet âge auquel convient la gaieté et l’enjouement ; et en même temps l’attention du précepteur peut se porter sur chaque enfant en particulier ; et enfin
- ↑ Dans le traité sur le Mariage chrétien.