telle qu’il l’entendait, sur le dogme approfondi de la Chute.
Quand on a de la Chute l’idée que s’en formait, selon saint Augustin, M. de Saint-Cyran, on a aussi une idée très-arrêtée sur l’enfance. L’enfance, sans le baptême, est l’image par excellence, si l’on peut dire, et le produit direct de l’homme déchu : la liberté nulle, la parole nulle (infans) et qu’il faut rapprendre, tout l’être soumis aux sens, au premier désir, à la concupiscence ; l’imitation continuelle et irrésistible de ce qu’on voit, l’ignorance de tout, une désobéissance de tous les instants. Il s’agit de restaurer cela et de refaire l’homme, l’homme d’avant la Chute, autant qu’il se peut.
Le baptême rend la Grâce ; il couvre et revêt d’une innocence préalable devant Dieu tous ces mouvements de la machine et de l’animal non raisonnable, jusqu’à ce que l’enfant ait atteint l’âge de raison. Mais dès que cet âge de raison commence, pour que l’effet salutaire du baptême ne soit pas comme non avenu, il faut l’expliquer à mesure, le traduire en raison chez l’enfant ; tellement que cet état de Grâce, qui lui a été acquis par un bienfait ineffable sans qu’il l’ait compris ni voulu, lui devienne un état réfléchi, senti et pratiqué. Il faut effectuer et faire vivre en lui cette seconde naissance.
Le baptême (je parle toujours au point de vue de nos Messieurs) n’a nullement anéanti la nature, et ne l’a même probablement modifiée en rien quant à ce qui en sortira plus tard : il ne l’a que provisoirement rachetée et couverte devant Dieu, jusqu’à ce que le Chrétien raisonnable ait le temps de naître, et de continuer le Chrétien enfant, le Chrétien aveugle.
Il s’agit donc, sans laisser s’interrompre l’innocence baptismale, de continuer dans l’enfant, dès l’âge commençant de raison, dans l’enfant encore infirme et déjà responsable (effrayant mystère), cet état de pureté qui