y conserver l’innocence des enfants, sans laquelle je reconnois tous les jours qu’il est difficile qu’ils deviennent bons Clercs ; je ne désignois de le faire que pour six enfants que j’eusse choisis dans toute la ville de Paris, selon qu’il eût plu à Dieu de me les faire rencontrer[1]… »
Ce dessein, qu’il avait cru ruiné par sa prison, fut depuis transporté et en partie exécuté à Port-Royal, pour des laïques, sinon pour des clercs. Dès avant sa prison, M. de Saint-Cyran faisait élever avec ses neveux les deux fils de M. Bignon. Il leur avait adjoint un jeune fils de M. d’Andilly, appelé M. de Villeneuve, et le fils de son amie madame de Saint-Ange. M. Le Maître avait, quelque temps, surveillé ces deux derniers au monastère des Champs, durant la prison du saint abbé, et on voit celui-ci l’en remercier dans la conversation qu’ils eurent à sa sortie. Les trois jeunes Du Fossé (ou Thomas) vinrent bientôt, dans l’été de 1643, profiler de cette éducation des Champs : le maître préposé pour les études s’appelait alors M. de Selles ; et pour la religion et la piété, c’était M. de Bascle. Lancelot, qui avait déjà été employé à l’éducation des jeunes Bignon, se trouvait, pour le moment, comme sacristain à Port-Royal de Paris. Aux accusations calomnieuses qu’on essaya de porter dès l’origine contre les doctrines professées et enseignées par ces Messieurs, Du Fossé, le meilleur guide sur ce chapitre des Écoles, oppose ces paroles formelles :
« C’est le témoignage très-sincère, dit-il, qu’en ont rendu tous ceux qui en ont été témoins comme moi, tels qu’étoient MM. Bignon le Conseiller d’État, et le premier Président du Grand Conseil, qui, ayant été élevés un peu avant moi dans
- ↑ Voir plus au long cette lettre de Saint-Cyran dans le Supplément (in-4°) au Nécrologe, page 46, et dans l’édition de ses Lettres (1744). On peut juger, si l’on compare les deux textes, dans quel état d’incorrection, de remaniement et d’à peu près ces lettres nous sont parvenues.