été une première clef, et n’aient fait sortir plusieurs des siennes.
Quand Pascal interprète les Prophéties et lève les sceaux du Vieux-Testament, quand il explique le rôle des Apôtres parmi les Gentils, et l’économie merveilleuse des desseins de Dieu, il devance visiblement Bossuet, le Bossuet de l’Histoire universelle ; il ouvre bien des perspectives que l’autre parcourra et remplira. — On raconte que Bossuet étant allé voir un jour M. Du Guet, dans la compagnie de l’abbé de Fleuri (de celui qui fut depuis évêque de Fréjus et cardinal-ministre), l’entretien roula longuement et tristement sur les maux sans nombre et les scandales de tout genre dont l’Église était inondée. « Tous deux (Bossuet et le sage Du Guet) suivirent cette longue chaîne d’iniquités qui se forme depuis tant de siècles ; ils jetèrent les yeux sur l’état de la Religion dans les différentes parties du monde, et repassèrent les divers jugements que Dieu avait exercés sur son peuple : — Quel remède donc, demandoit Bossuet, quelle issue, quelle ressource ? — Alors M. Du Guet dit : Monseigneur, il nous faut un nouveau peuple[1]. » Et il se mit à développer le plan des Écritures, conformément au chapitre XIe de l’Épître de saint Paul aux Romains. Bossuet, usant des ouvertures de Du Guet, et y entrant à son tour avec génie, avec discrétion, les mit en œuvre au cœur même de son Discours sur l’Histoire universelle. Bossuet, d’après l’Apôtre, nous y montre, à la venue du Messie, les Gentils substitués aux Juifs, l’olivier sauvage enté sur le franc olivier, afin de participer à sa bonne sève, les Juifs destinés pourtant à être réintégrés un jour, et la Grâce, comme un sceptre mystique, qui passe de peuple en peuple, pour tenir tous les peuples
- ↑ Au titre VIII, seconde partie, de l’édition de 1681 ; ce qui est devenu le chapitre XX des éditions ordinaires.