On a le détail des nombreuses assemblées qui se tinrent depuis le 1er décembre 1655 jusqu’au 31 janvier 1656. J’en ai sous les yeux les récits manuscrits, les comptes rendus jour par jour, les incidents, les opinions, tout le plumitif, comme on dit, et, qui plus est, la coulisse et le jeu secret[1]. Pour rendre à ces formes de discussions religieuses, si mortes, un peu de l’intérêt singulier et des passions qui les animèrent, il suffit d’en saisir le rapport frappant avec nos Assemblées politiques : ces séances de Sorbonne pour la censure d’Arnauld firent, à bien des contemporains d’alors, la même impression qu’à nous telle session enflammée de la Chambre, durant les jours les plus militants de la Restauration. Des unes déjà, comme des autres, qu’en reste-t-il ? Un petit nombre d’années se sont écoulées, et les neveux n’y savent plus rien comprendre.
Pour faire passer à coup sûr les premières mesures qui portaient au syndicat M. Guyart, et qui déféraient le livre à six commissaires, on avait usé de précautions : des moines surnuméraires en nombre inusité avaient été introduits. Ces sortes d’infusions de moines à haute dose faisaient toujours contestation en Sorbonne et semblaient illégales à beaucoup de membres[2]. Plus de
- ↑ Mémoires de Beaubrun (Bibliothèque du Roi, manuscrits, suppl. franç., n" 2673, 2 vol.). Rien n’initie mieux, au second Port-Royal et au Jansénisme de la veille des Provinciales que ce récit, et surtout les papiers originaux qui y sont joints, documents autographes, recueillis de toutes parts, revus par Saint-Amour lui-même, et comprenant aussi les notes et les pièces de M. de Saint-Gilles. L’abbé de Beaubrun, janséniste de la fin du siècle, ami et exécuteur testamentaire de Nicole, en devint possesseur et les mit en ordre pour une histoire qu’il projetait et qu’il a ébauchée dans le premier des deux volumes.
- ↑ La règle aurait été que chacun des quatre Ordres mendiants n’eût que deux voix délibératives, ce qui fait huit ; et dans les as-