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PORT-ROYAL.

dans toute son énergie et toute sa grâce, a toujours paru ailleurs plus ou moins refoulée sur elle-même, et l’âme humaine s’est repliée.

L’idée du Saint, au plus beau moment de cette race heureuse, refleurit comme une tige d’or par les mains du divin Platon ; elle fut offerte de loin, comme un phare lumineux, sur le plus serein des promontoires.

Cependant une race forte et rude, et qui se peut dire grossière auprès de l’autre, fit son avènement ; les pâtres des Apennins, les Sabins laboureurs, descendirent en armes, et jetèrent sur le monde leurs mains encore lourdes de la charrue : les Mummius pillèrent Corinthe ; mais l’antique frugalité n’en revint pas. Il se fit bientôt une corruption inouïe, résultat de la nature puissante et gloutonne des vainqueurs, et de la dextérité sans pareille des vaincus[1]. Des excès sans nom souillèrent la lumière dans le court intervalle des calamités sombres ; l’humanité ne s’en releva jamais.

Au cœur de ces excès, et pour les combattre, que pouvait la fleur divine, exquise, de Platon ? Le Christianisme vint ; il apporta une idée du Saint plus profonde, plus contrite, sans plus rien de la fleur d’or, avec les seules racines salutaires, avec le breuvage amer et les épines sanglantes. Pour se préserver, pour expier et se guérir, une portion de l’humanité s’arma, durant des siècles, du froc et du cilice, sans oser un seul instant s’en dépouiller. On s’enfuit dans les cavernes, on se courba dans le confessionnal. La maladie, la souffrance, devinrent l’état naturel du Chrétien et le prix de l’humaine rançon. C’est à l’extrémité de cette longue série de siècles, où s’accumulèrent toutes les rouilles et toutes les barbaries, c’est comme chargé encore de leur poids et de leur chaîne, que Pascal nous arrive, le

  1. Juvénal, Satire III.