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PORT-ROYAL.

tière de goût comme en matière plus sérieuse, il y a deux humanités, deux mondes qui se côtoient, qui se traversent et se raillent éternellement ; il y a deux publics^[1].

C’est alors que, sans le prévoir, Molière vint droit en aide à Pascal, qui lui-même ne sut point sans doute en quel sens ni en quel lieu un auxiliaire lui arrivait. Par les Précieuses ridicules, en 1659, il frappa à mort ce goût de Clélie, en attendant qu’on le vît renaître plus tard sous quelque autre forme ; mais il n’en fut plus question sous celle-là^[2]. On peut dire qu’en ce sens il dégagea la gloire et le goût des Provinciales du faux d’alentour qui y était resté mêlé. Le tonnerre d’applaudissements qui saluait les Précieuses chassait à l’instant, tout brouillard ; l’horizon littéraire était éclairci, et les Provinciales, si voisines, apparurent plus vives dans leur parfaite netteté.

Boileau ne fît que poursuivre et assurer en détail,

↑ Quant à ce poème de la Pucelle dont la chute est restée célèbre, cela même ne fut pas si évident tout d’abord que l’auteur ne pût continuer à se faire illusion. Plus de dix ans après, Chapelain, qui préparait ses douze derniers chants, écrivait gaillardement à l’évêque de Vence, Godeau : « La Pucelle est bien heureuse d’avoir un galant aussi saint et aussi peu scandaleux que vous, et peu s’en faut qu’elle n’en fasse la vaine. Je l’en retiens en lui représentant que les Saints mêmes ne parlent pas toujours tout de bon, et que ce qui est courtoisie n’est pas toujours vérité. Elle vous rend toutefois grâces très-humbles de cette courtoisie qui lui tourne à si grande gloire, et meurt d’envie d’être achevée de peindre, pour vous aller faire une visite… J’en suis au dernier coup de pinceau, et peut-être qu’à un an d’ici je n’aurai plus qu’à la retoucher, et à l’abandonner après sur sa foi dans le monde. » (Lettre manuscrite du 24 avril 1667.) On ne serait pas plus en belle humeur et en veine après un premier succès. Il y a des grâces d’état.
↑ « La comédie des Précieuses ridicules, jouée en 1659, décrédita les romans et ruina le pauvre Joly, qui venoit de traiter avec Courbé pour son fonds romanesque dont l’impression de Pharamond (de La Calprenède), déjà fort avancée et qui parut l’année suivante, faisoit une partie considérable. » (Longueruana.)

[1] Quant à ce poème de la Pucelle dont la chute est restée célèbre, cela même ne fut pas si évident tout d’abord que l’auteur ne pût continuer à se faire illusion. Plus de dix ans après, Chapelain, qui préparait ses douze derniers chants, écrivait gaillardement à l’évêque de Vence, Godeau : « La Pucelle est bien heureuse d’avoir un galant aussi saint et aussi peu scandaleux que vous, et peu s’en faut qu’elle n’en fasse la vaine. Je l’en retiens en lui représentant que les Saints mêmes ne parlent pas toujours tout de bon, et que ce qui est courtoisie n’est pas toujours vérité. Elle vous rend toutefois grâces très-humbles de cette courtoisie qui lui tourne à si grande gloire, et meurt d’envie d’être achevée de peindre, pour vous aller faire une visite… J’en suis au dernier coup de pinceau, et peut-être qu’à un an d’ici je n’aurai plus qu’à la retoucher, et à l’abandonner après sur sa foi dans le monde. » (Lettre manuscrite du 24 avril 1667.) On ne serait pas plus en belle humeur et en veine après un premier succès. Il y a des grâces d’état.

[2] « La comédie des Précieuses ridicules, jouée en 1659, décrédita les romans et ruina le pauvre Joly, qui venoit de traiter avec Courbé pour son fonds romanesque dont l’impression de Pharamond (de La Calprenède), déjà fort avancée et qui parut l’année suivante, faisoit une partie considérable. » (Longueruana.)

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