tendent pas que les assiégeants soient aux pieds des murs, et il risqua une sortie en plaine à la découverte.
« M. d’Andilly, disent naïvement nos Relations, crut qu’il ne devoit point paroître indifférent sur l’état de M. Arnauld son frère, et que le Cardinal trouveroit fort mauvais qu’il affectât de se taire[1] » De peur donc de paraître manquer au Cardinal (il n’y a que M. d’Andilly pour donner de ces tours-là à ses suppliques), il lui adressa le 12 février une longue lettre apologétique et un peu trop glorieuse, que son ami M. Auvry, évêque de Coutances, se chargea de remettre ; il ne reçut de réponse que par un billet de M. de Pomponne, son fils, qui lui marquait que Son Éminence n’avait pas été satisfaite. Là-dessus grande, immense lettre de M. d’Andilly à l’évêque de Coutances (18 février), toute pleine de sa justification et de ses protestations envers le Cardinal, de ses soumissions pour les Personnes sacrées de Leurs Majestés. On ne connaîtrait réellement pas M. d’Andilly et la stratégie qui lui est propre, si on ne suivait d’un peu près le train de ses démarches en ces conjonctures. Donnons-nous-en le spectacle et l’évolution ; il le faut absolument pour comprendre l’esprit vrai des choses, pour apprécier la courtoisie jusque dans les hostilités. Après avoir vu par lui ce qui se tenta sur le devant et comme sur l’esplanade de la place, nous entrerons dedans.
Et avant tout, qu’on n’oublie pas que le Cardinal, selon la justice que lui rendent les plus ardents même des Jansénistes, est manifestement indifférent à ce qui se passe, qu’il laisse faire l’Assemblée du Clergé sans y prendre aucune part, et qu’il va plutôt à empêcher qu’on ne parle de rien. Mazarin ne demanderait pas mieux de dire des Jansénistes, comme il disait des Protestants :
- ↑ Mémoires de Beaubrun.