espèces de vengeurs, sans jeter du moins force poussière à son ennemi. Eux donc ou leurs ayants cause, ils ont, dès le temps des Provinciales et depuis à diverses reprises, essayé de répondre. Ils ont relevé ça et là quelque texte inexact, quelque traduction de passage un peu plus arrangée et plus aiguisée qu’il ne faudrait, et on ne doit pas dissimuler qu’ils en ont eu à montrer plus d’un exemple. Je ne veux pas faire grâce ici du plus notable, et dès l’abord, pour preuve d’impartialité, je l’étalerai tout au long.
On se rappelle l’endroit de la cinquième Provinciale, au moment où l’auteur s’égaye le plus sur les jolies questions d’Escobar :
« Voyez, dit-il (le bon Père), voyez encore ce trait de Filliucius, qui est un de ces vingt-quatre Jésuites : Celui qui s’est fatigué à quelque chose, comme à poursuivre une fille, est-il obligé de jeûner ? Nullement. Mais s’il s’est fatigué exprès pour être par là dispensé du jeûne, y sera-t-il tenu ? Encore qu’il ait eu ce dessein formé, il n’y sera point obligé. Eh bien ! l’eussiez-vous cru ? me dit-il. — En vérité, mon Père, lui dis-je, je ne le crois pas bien encore… »
Pascal nous a avertis qu’il n’avait point porté ses tablettes avec lui à cette première visite ; s’il les avait eues, il aurait sans doute cité plus exactement le passage, qu’il n’a rendu si gai qu’en le tronquant. Si on se procure en effet le gros traité latin in-folio des Questions morales (Moralium Quœstionum de Christianis Oficiis et Casibus Conscicntiœ…) de l’honnête Filliucius, on finit par trouver, au milieu d’une suite nombreuse de cas qui y sont successivement examinés, celui-ci, qui, au premier abord, n’a rien de bien divertissant. C’est au tome second, traité XXVII, partie II, chap. VI, 123. Il me faut citer le texte même dans sa lourdeur authentique, car la première infidélité de Pascal est de l’avoir rendu leste et plaisant :