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PORT-ROYAL.

chose sans donner le nom des personnes, mais avec plus de développement :

« Montalte, dit-il, fit presque avec la même promptitude la seconde, la troisième et la quatrième Lettre, qui furent reçues avec encore plus d’applaudissement. Il avoit dessein de continuer à expliquer la même matière ; mais ayant mis, je ne sais par quel mouvement, à la fin de la quatrième Lettre, qu’il pourroit parler dans la suivante de la morale des Jésuites, il se trouva engagé à le faire.
« Lorsqu’il fit cette promesse, il n’étoit point encore assuré, comme il l’a souvent dit lui-même, s’il écriroit effectivement sur ce sujet. Il considéroit seulement que si, après y avoir bien pensé, on jugeoit que cela fût utile à l’Église, il n’y auroit rien de plus facile que de satisfaire à sa promesse par une ou deux Lettres, et que cependant il n’y avoit point de danger d’en menacer les Jésuites et de leur donner l’alarme.
« En effet, il pensoit si peu à exécuter cette promesse, qu’il avoit faite plutôt par hasard que de dessein prémédité, qu’après même avoir excité par là l’attente du public, qui souhaitoit avec impatience de le voir expliquer la morale des Jésuites, il délibéra longtemps s’il le feroit. Quelques personnes de ses amis lui représentoient qu’il quittoit trop tôt la matière de la Grâce ; que le monde paroissoit disposé à souffrir qu’on l’en instruisît, et que le succès de sa dernière Lettre en étoit une preuve convaincante. Cette raison faisoit beaucoup d’impression sur lui. Il croyoit pouvoir traiter ces questions qui faisoient alors tant de bruit, et les débarrasser des termes obscurs et équivoques des Scolastiques ; … il espéroit, dis-je, les expliquer d’une manière si aisée et si proportionnée à l’intelligence de tout le monde, qu’il pourroit forcer les Jésuites mêmes de se rendre à la vérité.
« Mais il n’eut pas plus tôt commencé à lire Escobar avec un peu d’attention et à parcourir les autres Casuistes, qu’il

    sous le nom de Wendrock. — Cette Préface latine de Nicole a été ensuite traduite en français par mademoiselle de Joncoux, et c’est ce dernier texte que nous citons.