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maison. Balzac, certes, n’aurait pas mieux dit. Il s’honorait donc, à bon titre, d’une relation suivie avec les divers membres de cette excellente maison, — excellente par-dessus tout en fait de langage : il correspondait avec l’abbé de Saint-Nicolas qui lui servait de truchement auprès du cardinal Bentivoglio et transmettait, de l’un à l’autre, envois et compliments littéraires ; il s’ouvrait de ses écrits à M. Le Maître et le remerciait fort au long des fruits de Pomponne, de quelque harangue probablement et même d’un sonnet. Ceci nous touche ; M. LeMaître n’est pas désagréable à retrouver dans le miroir de Balzac : « Monsieur, lui écrivait celui-ci (février 1633), je ne tiens point secrète notre amitié : elle est trop honnête pour être cachée, et j’en suis si glorieux que je ne me fais plus valoir que par là. M. Jamin ( quelque jeune recommandé) sait ma bonne fortune et a grande passion de vous connoître. Il a cru que je ne serois pas le plus mauvais introducteur qu’il choisiroit pour cela, et que par mes adresses il pourroit parvenir jusqu’à votre cabinet. … Ceux qui avoient vu tonner et éclairer Périclès dans les assemblées, étoient bien aises de le considérer dans un état plus tranquille, et de savoir si son calme étoit aussi agréable que sa tempête. … » Et à la fin : « Je baise les mains à toute l’éloquente famille. »

La conversion de M. Le Maître ne prit personne plus au dépourvu que Balzac : qu’en put-il dire ? C’est le cas pour nous de le pénétrer à coup sûr, dans une circonstance tout à fait connue. Il écrit à Chapelain qui lui avait annoncé la grande nouvelle ;[1]

  1. La lettre de Chapelain, dont j’ai précédemment cité le passage qui nous intéresse, est du 20 décembre 1637 ; la réponse qu’y lit Balzac et qu’on va lire ne saurait donc être de septembre 1638, elle doit être de janvier. Ces Lettres imprimées de Balzac sont souvent mal datées.