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LIVRE TROISIÈME.

sur la scène en renfort aux Arnauld qui pliaient, elle fut véritablement, pour parler à la façon d’Augustin Thierry, une seconde invasion franke au sein du Jansénisme ; elle en marque le second temps et comme la seconde jeunesse, la gloire carlovingienne.

Comme celle des Arnauld encore, la famille Pascal était de condition et d’état recommandable plutôt que de qualité, et faisait partie du haut tiers-état dans les charges. Étienne Pascal, maître des Requêtes, avait mérité pour ses services d’être anobli par Louis XI ; notre Pascal, dans son Épitaphe, est dit écuyer. Les Pascal de la fin du seizième siècle connaissaient M. Arnauld l’avocat à Paris. M. Étienne Pascal, fils de Martin Pascal, trésorier de France, et père de l’illustre Blaise, venant jeune dans la capitale pour y faire son droit, avait été recommandé au père de M. d’Andilly et du grand docteur. À son retour à Clermont, il acheta une charge d’Élu, et devint ensuite second président de la Cour des Aides. Il épousa, en 1618, Antoinette Bégon, personne pieuse et de grand esprit, dont il eut six enfants. Le premier, qui naquit en 1619, mourut aussitôt baptisé ; le second, né en 1620, fut mademoiselle Gilberte Pascal, qui épousa, en 1641, M. Florin Périer, conseiller en la Cour des Aides de Clermont. Le 19 juin 1623 naquit Blaise Pascal, et le 4 octobre 1625 Jacqueline, depuis religieuse à Port-Royal sous le nom de sœur Sainte-Euphémie. On ne dit rien des autres. Dès 1627 ou 1628, madame Pascal mourut, n’ayant que vingt-huit ans. Le président vendit alors sa charge à son frère, et mit la plus grande partie de son bien en rentes sur l’Hôtel-de-Ville de Paris. Il y vint s’établir en 1631, pour vaquer à l’éducation de ses enfants, et aussi pour mieux cultiver les sciences, étant un homme de grande étude. Il s’y lia avec tout ce qu’il y avait de distingué parmi les savants